Les frontaliers privilégient les déplacements en voiture car ce serait plus rapide pour eux mais ce n’est pas l’unique explication.
Ce n’est pas un scoop, la majorité des frontaliers utilisent leur voiture pour se rendre sur leur lieu de travail. Des déplacements stressants et longs. Certains, selon leur lieu de résidence, passent plus de 3 heures pour aller et revenir de leur travail. Et on le sait, la situation sur l’A31 et les routes, n’est pas près de s’améliorer à brève échéance alors que les entreprises luxembourgeoises vont continuer à recruter. L’A 31 bis dont le tracé définitif devrait être précisé en début d’année prochaine ? Ce n’est pas non plus pour demain.
Mais alors que de multiples initiatives sont prises pour favoriser les déplacements en transport en commun, tant du côté français que luxembourgeois, pourquoi bon nombre de frontaliers continuent de préférer la voiture ? Parce que les performances du TER laissent, pour l’heure à désirer, tant en termes de confort que de fiabilité. C’est un fait. Il suffit d’interroger n’importe quel frontalier qui a tenté l’expérience. Faut-il en conclure pour autant que dès lors qu’il y aura davantage de trains, qu’ils seront plus rapides et ponctuels, de nombreux frontaliers vont laisser leur voiture au garage ?
À lire l’enquête mobilité MMUST* (Modèle Multimodal et scénarios de mobilité transfrontaliers) sur les préférences, cela aura un impact puisque la première raison d’utilisation de la voiture est, pour 28 % des frontaliers interrogés, la durée trop longue des autres modes (bus/train). Mais l’étude met en lumière d’autres considérations qui ont pour effet de limiter ou de freiner un changement d’habitudes dans les déplacements. 15 % des frontaliers (sondés) indiquent ainsi avoir besoin de leur voiture pour un trajet antérieur ou postérieur. 10 % déclarent que l’arrêt de bus ou la gare est trop éloigné de l’origine ou de la destination. 10 % précisent aussi que les autres modes de transport ne leur conviennent pas. 6 % confient déposer ou récupérer quelqu’un sur leur trajet (effet covoiturage ?). Et puis, sujet qui soulève bien des interrogations à l’heure où sont déployées des stratégies de mobilité douce, 28 % des frontaliers interrogés dans l’étude précisent qu’ils utilisent une voiture de société, de fonction ou de service. Ces données mettent en lumière que c’est « l’inadéquation des transports publics à leur déplacement qui pousse les usagers vers la voiture », pour reprendre les termes du document.
Au-delà de miser fortement sur tel ou tel mode de déplacement doux, il importe donc bien de veiller à déployer des solutions de mobilité intermodales alternatives véritablement performantes tant en termes de rapidité que de flexibilité et de confort, des « combinaisons » qui offrent du « choix ». Une évidence. Certes, mais pas évident à mettre en œuvre car il faut composer avec de multiples réalités et el fait qu’il n’y a pas un seul et unique décideur/financeur pour porter ces « lignes » de mobilité transfrontalière.
*MMUST est un projet porté par un groupement de plusieurs acteurs comprenant le ministère de la Mobilité et des Travaux publics du Grand-Duché de Luxembourg, l’AGAPE (Agence d’urbanisme et de développement durable Lorraine Nord), le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), le LISER (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research), et les universités de Namur et de Liège.
Des centaines de bornes se déploient
L’électrification du parc automobile est en cours. Certes, cela ne participe pas franchement à alléger le trafic routier frontalier mais cela a pour avantage d’être une bonne nouvelle sur le plan environnemental, en tout cas à l’usage. Des frontaliers s’y sont mis. La distance entre Metz et Luxembourg fait que l’autonomie est suffisante pour qui contente de faire l’aller/retour et peut recharger ses batteries durant la nuit. Et si pour une raison ou une autre, il faut faire le plein d’énergie ? Le réseau de bornes s’enrichit quotidiennement. Plus de 700 bornes Chargy sont opérationnelles au Grand-Duché. S’y ajoutent une centaine de bornes de recharge ultra-rapides qui sont actuellement en cours d’installations dans tout le pays. En Moselle ? Les projets se multiplient. La Ville de Thionville a annoncé 21 nouvelles bornes à recharge électrique d’ici la fin de l’année et près d’une centaine dans les 5 ans à venir. Sur le territoire de l’Eurométropole de Metz, 75 bornes sont accessibles aux automobilistes sur l’espace public, dans les grandes surfaces et certains parkings. Tout récemment, la collectivité a annoncé vouloir créer 500 bornes accessibles au public sur son territoire au cours des 10 ans à venir.