Cinq lettres suffisent pour définir ce fameux mot de Cambronne, ce « merde » qui aurait été prononcé en pleine bataille par un célèbre général français.
Cet homme se nomme Pierre-Jacques-Étienne Cambronne ; il est né le 26 décembre 1770 à Nantes. Fils d’un négociant en bois, il fait ses études chez les Oratoriens. Au sortir du collège, devenu orphelin de père, le jeune Pierre vit les remous de la période révolutionnaire et décide de se porter volontaire sur la liste du département de la Loire-Inférieure.
Il est finalement appelé aux armes dans un régiment de grenadiers. Il reçoit son baptême du feu à Jemmapes le 6 novembre 1792. À la suite de ce premier engagement, Pierre Cambronne va fouler de nombreux champs de bataille. Il est en Irlande avec Hoche, en Flandre avec Augereau, en Suisse avec Masséna.
Devenu capitaine, il se bat à Austerlitz, à Iéna, à Essling et à Wagram. Napoléon le fait officier de la Légion d’honneur, baron de l’Empire et le nomme major commandant. Lorsqu’il apprend le départ de l’Empereur pour l’île d’Elbe, en 1814, Cambronne demande à pouvoir le suivre : « On m’a toujours choisi pour aller au combat, on doit me choisir pour suivre mon souverain, un refus serait pour moi la plus mortelle injure ».
Quand Napoléon revient en France pour les Cent jours, il le nomme général de division, comte de l’Empire et grand-officier de la Légion d’honneur. Cambronne accepte les titres, mais refuse le grade.
Plongeons avec lui au cœur de la dernière bataille napoléonienne. Nous sommes le 18 juin 1815 près du plateau de « Mont-Saint-Jean», à quelques kilomètres du village de Waterloo. L’issue de la bataille semble jouée, Napoléon décide d’envoyer ses dernières troupes, les braves parmi les braves, les hommes de la Vieille Garde. Le premier régiment de chasseurs à pied du deuxième bataillon de la Garde est commandé par le général Cambronne.
Retrouvons-le vers 21 heures dans le feu de l’action, face à l’armée anglaise. Devant la lutte héroïque des Français, un général anglais hurle aux troupes du général Cambronne : « Grenadiers, rendez-vous ». Et le général Cambronne de répondre : « La garde meurt et ne se rend pas ! ». Alors l’officier anglais répète : « Grenadiers, rendez-vous ! Vous serez traités comme les premiers soldats du monde ! ». Cambronne lance à nouveau : « La garde meurt et ne se rend pas », mais « Rendez-vous, grenadiers, rendez-vous ». Et finalement Cambronne, exaspéré, crie à l’adresse de ses ennemis : « Oooh ! MERDE ! ».
Voilà comment naît l’une des plus célèbres légendes de l’histoire de France. Pierre Cambronne a toujours nié avoir dit : « La garde meurt et ne se rend pas ». Quant au mot de cinq lettres, celui que l’histoire a conservé sous l’appellation « mot de Cambronne », à n’en pas douter, le brave général ne l’a sans doute pas lancé au visage des Anglais, mais il a dû le penser bien fort.