On peut prendre soin de bien des manières de son prochain. Yann Schrub s’y emploie au quotidien auprès de ses patients en tant que médecin mais aussi en ravissant les afficionados d’athlétisme en tant que champion international du demi-fond. Présentation d’une des plus grandes chances mosellanes de médaille aux Jeux de Paris 2024.
Qu’il soit en short court et débardeur spécifique aux coureurs de demi-fond de sa trempe ou en blouse blanche arpentant les artères du Centre Hospitalier Universtaire de Thionville Mercy, Yann Schrub a le pas rapide. Dans une vie menée à cent à l’heure, entre son quotidien d’athlète de haut niveau et sa vie professionnelle d’étudiant en huitième année de médecine, le jeune homme de 26 ans laisse peu le temps. A la concurrence qui reste souvent sur le carreau, mais aussi aux journalistes, qui doivent changer leurs angles en dernière minute, piégés par la multiplication bien heureuse de ses performances de haute volée. A l’heure actuelle, peu de coureurs peuvent se calquer sur la foulée demi fondeur de l’Athlé Sports Sarreguemines Arrondissements (ASSA). Preuve en est son très récent succès le dimanche 9 octobre dernier aux 20 kilomètres de Paris. Ce jour-là, le protégé d’Anthony Notebaert, se joue des habituels soldats kényans pour couper la ligne en vainqueur avec un temps phénoménal de 58 minutes et 3 secondes.
Si les plus récalcitrants en doutaient encore, « Schrubi » réside bien dans la cour des Grands en dehors de sa résidence du petit village d’Achen et de sa location messine pour être proche de l’hôpital où il effectue ses gardes. Il faut dire que depuis cet été, le spécialiste du 10 000 a changé de dimension. Son coup d’éclat dans sa discipline de prédilection le 21 août dernier, au cours d’une soirée munichoise rythmée par les orages, l’a révélé aux yeux du grand public : « C’est à ce jour mon plus beau souvenir. Cette course a une saveur extraordinaire pour moi car elle s’est passée devant 3,5 millions de téléspectateurs sur France Télévisions, devant un stade plein et en présence de ma famille. Je ne m’y attendais pas. » se rappelle-t-il avec des trémolos persistants dans la voix.
Dominique Kraemer, son coach de toujours a aimé cette course. Au-delà de la médaille de bronze raflée par son protégé, il loue le fait que « cette performance l’a débloqué psychologiquement et lui a apporté de la confiance venant prouver qu’il peut battre les meilleurs. » Les paroles sont fortes de la part de celui qui le façonne depuis quinze ans maintenant. L’attachant entraineur de l’ASSA secoue ce beau souvenir ancré au plus profond de lui : « Je le revois lors de son premier entrainement alors que c’était encore un gamin. Je suivais le groupe en vélo sur un tour de 12 kilomètres. Je me suis dit au vu de son âge qu’il allait stopper l’effort vers le neuvième kilomètre mais non il bouclé l’entrainement en entier avec une facilité déconcertante ». La jeune pousse lui est envoyée par Jacques Staudt, son ami et professeur de sport au collège de Rorbach-les-Bitche où étudie le collégien Schrub. Les deux techniciens restent bouche bée devant les capacités d’endurance du pré pubère. Les sélections avec l’équipe de France de demi-fond arrivent naturellement dans la foulée. L’intéressé y trouve ce qu’il appelle en plaisantant « une secte » avant d’ajouter « Il y a énormément de respect entre nous. On se voit en dehors et on s’entend super bien, ce qui fait notre force. Pour avoir une sélection en équipe de France c’est difficile mais une fois qu’on y est on est quasi sûr d’accrocher un podium. »
Le titre de champion d’Europe de cross par équipes qu’il a glané la saison passée à Dublin vient confirmer ses dires. Il essayera de remettre cela avec ses compères cette année le 11 décembre prochain du côté de Turin (Italie). Mais pour se qualifier pour l’échéance dans la capitale du Piémont il faudra d’abord ravir une des trois premières places au championnat de France de cross qui se déroulera le 20 novembre prochain à Allones dans la Sarthe. En attendant les deux dernières grosses compétitions de cet exercice 2022-2023, Yann Schrub continue à jongler entre ses activités de médecin et ceux d’athlète de haut niveau. Il le concède : « C’est la plus grosse difficulté qu’ont mes coachs avec moi car ils doivent sans cesse s’adapter à mon emploi du temps professionnel et ma fatigue. » Mais à la vue de ses exploits retentissants, il doit être vite pardonné…
L’interview décalée
Champion d’athlétisme, interne en médecine, Yann Schrub est aussi un jeune amoureux de la vie. Découverte en quelques questions.
Ton film préféré ?
Je pense que c’est le Diner de Cons, je ne me lasserai jamais de le visionner tant il me fait rire !
Une musique avant de disputer une finale ?
Alors là, c’est une bonne question. Un son qui ambiance donc je dirais Levels d’Aviici.
Le meilleur stade pour courir ?
Sans hésitation Sarreguemines. Le stade Coubertin est vraiment super bien. Il y a énormément de verdure. Il est entouré de tribunes « vertes ». En plus il y a une piste en cendrée qui fait tout le long je fais mes séances de cross. Et c’est mon stade de toujours.
Ton meilleur supporter ?
Franchement, ce sont mes coaches, ils sont toujours là dans les bons comme dans les mauvais moments.
Ton pêché mignon ?
C’est au niveau de la nutrition je dirais, c’est difficile d’en trouver un mais pour choisir je dirais tout ce qui est à base de chocolat (rires).