La pandémie de Covid-19 l’a mis en lumière : de nombreux étudiants sont en grande difficulté sur le plan social. Différentes mesures sont évoquées pour leur venir en aide. Tour d’horizon.
La crise sanitaire a fortement impacté les étudiants. Repas à un euro, aides sociales d’urgence, distribution de kits d’hygiène… Face à l’urgence, de nombreuses associations ainsi que les Crous (Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) sont rapidement montés au créneau, pour soutenir les étudiants les plus en difficultés. « Près d’une personne sur deux qui vient aux Restos a moins de 26 ans. 10 % ont entre 18 et 26 ans. 85 % des centres des Restos accueillent des étudiantes et des étudiants », précisaient les Restos du Cœur, il y a un an. Et c’est aujourd’hui encore le cas.
Comment y remédier ?
Pour aider les étudiants à poursuivre leurs études dans de bonnes conditions, des communes ont activé un « revenu étudiant » en se basant sur des critères d’attribution qui leur sont propres. D’autres collectivités y réfléchissent ou initient des expérimentations. Le conseil départemental de la Haute-Garonne compte, par exemple, expérimenter un revenu de base (500 euros, en fonction des ressources) auprès de 1.000 jeunes de 18 à 24 ans tirés au sort, à compter du mois de mars.
Faut-il aller plus loin encore ?
À l’approche des présidentielles, la question de l’instauration d’un revenu minimum étudiant (RME) ou d’une « garantie autonomie » est également relancée, notamment à Gauche. Des montants de 600 à 1000 euros mensuels sont ainsi évoqués. Certains pays comme le Danemark l’ont d’ailleurs instauré. Tous les étudiants y perçoivent 700 euros d’allocations par mois dès lors qu’ils ne vivent plus chez leurs parents et travaillent au moins 10 heures par semaine (et que la rémunération ne dépasse pas un plafond).
Bonne idée ?
La France compte près de 3 millions d’étudiants. Dès lors, que la précarité est généralisée, il importe assurément d’agir avec force et conviction. Mais est-ce le cas ? Est-ce que tous les étudiants doivent composer avec des difficultés pour étudier, se nourrir, se loger, se chauffer ? Au-delà du coût d’une telle mesure, ses détracteurs s’appuient sur des données laissant à penser qu’il importe de ne pas généraliser. Selon l’Observatoire national de la vie étudiante, ils sont 40 % à exercer une activité rémunérée parallèlement à leurs études. Un étudiant sur deux (48 %) estime que cela a des effets négatifs sur ses études ou son bien-être. Pour autant, tous les étudiants qui travaillent ne le font pas par nécessité absolue à en croire l’étude de l’Observatoire. Si 51,2 % indiquent que cela leur est « indispensable pour vivre », 78,2 % précisent que cela leur permet d’améliorer leur niveau de vie, 65 % d’être indépendants à l’égard de leurs parents. Pour 73,3 % c’est l’occasion d’acquérir de l’expérience professionnelle et d’optimiser leur employabilité.
Quelles sont les alternatives ?
Tous les étudiants ne sont donc pas « précaires » même s’il est indéniable qu’ils sont nombreux à être dans des situations délicates. 17 % des jeunes non boursiers abandonneraient leurs études supérieures fautes de ressources. Si un revenu « universel » n’est pas LA solution, quels leviers peuvent être activés, au-delà des initiatives prises localement (qui imposent des critères) et des aides déjà disponibles (bourses, APL, aides régionales…) ? Diverses propositions visant à attiser leur pouvoir d’achat sont sur la table. Pêle-mêle, il est question de leur accorder des prêts à taux zéro, d’augmenter la rémunération des étudiants qui travaillent en les exonérant de charges sociales, de repenser le système d’attribution des bourses (et de les revaloriser), de revoir la rémunération des stagiaires, de mieux articuler études et job de manière à parvenir à un meilleur équilibre. Dans un registre différent, il est préconisé de développer l’offre en matière de colocation, de réhabiliter les résidences étudiantes (pour réduire la note énergétique) ou bien encore de créer des logements adaptés (plus petits, moins chers).