À 26 ans, Anita Fatis est diagnostiquée atteinte de sclérose en plaque. Elle décide de tracer sa route, coûte que coûte. Avec une obstination rare, des trésors de résilience et de courage, elle annonce, comme si tout était normal : « Je prépare mon 3e trek au Népal. Une partie en Quadrix et une partie sur mes jambes ». Portrait d’une battante.
Anita Fatis impressionne d’abord par sa stature, son ton de voix posé et son débit serein où la passion affleure. C’est une fille du Nord. Installée en Lorraine. Elle obtient son diplôme de Maitre d’hôtel en alternance avec les Sommeliers de France. Elle est mariée et a 2 jeunes enfants. Elle a la vie devant elle. Une vie dont elle trace vite et bien les premiers sillons. À 26 ans, elle souffre d’une première crise : comme le neurologue ne trouve rien, il l’adresse à un psy ! « Ça se passe mal » dit-elle avec pudeur. Un second médecin diagnostique une SEP, déjà avancée. « J’étais bizarrement très soulagée, je craignais d’être folle », dit-elle en souriant. En 1991, contre avis des médecins, elle donne naissance à son 3e enfant, un fils. Dix ans plus tard, une crise plus forte la prive de ses jambes, affaiblit son bras gauche. Traitement de la dernière chance, elle subit une chimiothérapie durant 8 mois mais elle est en fauteuil.
Tu te bouges !
Elle s’enfonce 2 ans dans une grave dépression, jusqu’au jour où son mari lui dit « Tu te bouges sinon je pars avec les enfants ». C’était un ultimatum d’amour, dit-elle aussi. Il m’a sauvée. Bouger c’est vivre : elle décide de nager puisqu’elle ne peut plus marcher. Tous les jours. Son mari la dépose à la piscine puis elle y va seule avec un véhicule aménagé. Anita est forte, douée et pugnace. Rapidement, Daniel Starck, entraineur handisport de Saint Avold, lui fait découvrir la compétition. Elle rencontre d’autres personnes en situation d’handicaps, parfois lourds, elle relativise ! Elle dit aussi « il faut sortir de l’isolement et de l’immobilité où vous conduit cette maladie ».
Marcher à nouveau
En 2007, elle remporte ses premières médailles et ne s’arrêtera plus, de nager, de gagner.Dix ans de sport de haut niveau ne l’empêchent pas de rechercher tout ce qui peut soigner, ralentir la SEP et favoriser le mouvement, puisque cette maladie vous paralyse à petit feu. Elle découvre ainsi la société Ottobock, qui développe une orthèse mécatronique C-Brace. Il serait possible de marcher de nouveau ? Idée folle, elle veut faire une partie de son 3e trek au Népal, sur ses jambes. Le profil de championne handisport d’Anita, son mental et sa détermination intéressent la société Ottobock. Anita sait qu’elle s’engage dans un chemin long et douloureux. Dix-sept ans en fauteuil créent de profondes séquelles affectant colonne vertébrale, systèmes circulatoire et intestinal, équilibre, et, bien sûr, il faut renforcer des pieds devenus fragiles comme ceux de nourrissons. Elle se bat.
Anita Fatis est l’ambassadrice d’Ottobok
Anita sourit encore : « En décembre 2021, le premier test avec les orthèses mécatroniques est MAGIQUE. Notre départ au Népal est prévu le 1 novembre 2022, pour 20 jours. Ce sera physiquement dur. Je ferai des parties en Quadrix, notamment les grosses descentes. Et j’emmène Audrey Hochart une savoyarde qui a la SEP. Peut-être la relève (elle sourit encore.) Merci à mes partenaires pour le projet Népal, rendu encore plus compliqué par la période COVID.
Le sport m’a sauvée de la SEP. Il faut bouger. Je souhaite également démontrer à l’État qu’un handicapé appareillé ainsi, va bien, coute beaucoup moins cher à la société malgré le prix de l’orthèse et du nécessaire accompagnement médical, qu’un malade qui se paralyse et s’éteint. Sans parler de son confort psychique et physique. »
Anita Fatis est une femme à suivre. Absolument
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