Très dynamique durant des mois, le marché immobilier se calme compte tenu de différents facteurs, notamment du niveau des taux d’usure des banques, explique Cécile Goergen, directrice générale de l’agence Thé ou Café Immobilier.
Après une période intense, le marché immobilier semble se calmer. Vous confirmez ?
De janvier à mars, nous étions effectivement dans une belle dynamique et puis ça s’est calmé. Aujourd’hui, il y a une forme d’attentisme. La guerre en Ukraine, l’inflation, les élections… C’est lié à divers phénomènes. Les gens sont en peu déboussolés, ont le sentiment qu’il n’y a pas de « pilote dans l’avion ». Investir demande d’être en confiance, on sent bien qu’actuellement, elle fait défaut.
La remontée des taux a également un impact, non ?
Oui, cela a de l’importance mais force est d’avouer qu’ils restent très bas si on les compare avec ce qui se pratiquait il y a quelques années. Personnellement, je pense que la hausse des taux a pour intérêt de permettre aux banques de gagner de l’argent et donc de pouvoir en prêter. En revanche, ce qui bloque aujourd’hui bon nombre de transactions, c’est le taux d’usure, c’est-à-dire le taux maximum auquel une banque peut prêter (il est fixé par la Banque de France chaque trimestre, ndlr). Il est trop bas par rapport à la hausse des prix de l’immobilier et des taux, ce qui fait que certains acheteurs, qui affichent un bon profil et de bonnes rémunérations, se voient refuser leur prêt*. Le gouvernement devrait intervenir prochainement pour corriger le tir. Il faut que ce taux soit revu de manière significative.
Quels sont les territoires les plus actifs, en Moselle ?
Toujours les mêmes, à savoir Metz-centre, quelques communes périphériques, Thionville et environs ainsi que les communes proches de la frontière luxembourgeoise. Metz intéresse notamment les investisseurs qui entendent profiter de l’attractivité touristique de la ville pour louer en Airbnb, par exemple. Cela permet de générer une rentabilité plus intéressante. Les acheteurs sont également des personnes qui ont la possibilité de télétravailler. À Thionville, j’observe également un nombre croissant d’acheteurs luxembourgeois qui s’y installent pour y vivre. Les prix sur le marché grand-ducal sont tels que même des Luxembourgeois (ou résidents luxembourgeois) n’y ont plus accès.
Quel impact va avoir l’entrée en vigueur de la nouvelle donne en ce qui concerne les passoires thermiques ?
Il est clair que certains propriétaires qui font du locatif et ont des biens qui sont mal classés sur le plan énergétique (E,F, G, ndlr) vont les vendre car ils n’ont pas forcément les moyens de supporter des travaux qui ne sont pas anodins. Cela s’accompagne déjà de marges de négociations plus importantes pour les acheteurs. De toutes façons, aujourd’hui, le marché s’est déjà inversé et nous sommes à nouveau sur un marché d’acheteurs.
*le taux d’usure comprend le taux d’intérêt, les frais de garantie, les frais de dossier et l’assurance emprunteur. Cette dernière est calculée selon l’âge. Elle peut être trois voire quatre fois plus lourde pour les personnes de plus de 45 ans ce qui fait que ce sont ces acheteurs qui connaissent le plus de difficulté pour obtenir des prêts.
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