Faute de disposer des moyens financiers nécessaires pour la réhabiliter, la commune de Chesny pourrait prendre la décision de détruire son église.
L’église Saint-Nicolas, de style néo-roman, située à Chesny, petit village mosellan d’environ 600 habitants, fut construite en 1850. La commune a constaté l’apparition de fissures, à l’intérieur et à l’extérieur de l’édifice, suite à l’épisode de sécheresse de 2018. Un arrêté imposant la fermeture de l’église a été émis. Depuis, la situation se dégrade de plus en plus ». C’est ce que l’on peut lire sur le site de la Fondation du Patrimoine ou la commune de Chesny a lancé une collecte de dons afin de recueillir de l’argent pour rénover son église.
Début octobre, le montant des dons s’élevait à 5 000 euros auxquels s’ajoutent 12 000 euros d’aides apportées par la délégation Lorraine de la Fondation du Patrimoine. L’État, la Région, le Département, le fonds de concours de l’Eurométropole de Metz ainsi que le Conseil de Fabrique ont déjà prévu de mettre la main à la poche. La commune, bien évidemment, investit également quitte à emprunter dans la durée, pour ce faire, afin de réunir les 400 000 euros estimés nécessaires pour effectuer les travaux.
Le souci, c’est que l’enveloppe a visiblement été sous-évaluée. L’appel d’offre arrivé à échéance fin juin, était resté infructueux. Coup de bambou. Une entreprise s’est bien déclarée depuis, hors marché, mais son devis s’élève à 700 000 euros, un investissement totalement hors d’atteinte pour Chesny. D’où la tentative de mobiliser encore afin de rassembler des fonds et de faire en sorte que le reste à charge puisse être supporté par la commune de Chesny. Sans réussite jusqu’à présent.
Il n’y a dès lors pas mille options sur la table compte tenu de l’état et de la fragilité de l’église. La première, c’est de la détruire entièrement. La seconde consisterait à tenter d’en conserver une partie pour la réhabiliter en sachant qu’il faut dès lors composer avec des problèmes d’affaissement. En sachant aussi que démolir ou transformer un tel édifice coûte également de l’argent. À l’heure où sont rédigées ces lignes, à moins d’un miracle ou d’un généreux donateur, l’église de Chesny devrait donc disparaître du village. Une hypothèse qu’une partie de la population a du mal à pouvoir ne serait-ce qu’envisager. La mobilisation visant à éviter sa disparition, s’organise.
Un cas exceptionnel ?
La sénatrice de l’Ardèche Anne Ventalon et le sénateur des Hauts-de-France Pierre Ouzoulias ont publié un rapport sur l’état du patrimoine religieux en France, en juillet dernier. Le duo dresse un tableau particulièrement sombre de la situation puisqu’il avance qu’entre 2 500 et 5 000 églises pourraient disparaître d’ici à 2030 si aucun plan de sauvegarde n’est lancé. « Les maires sont souvent très démunis face à la dégradation de ce patrimoine », souligne Anne Ventalon. La situation de Chesny n’a malheureusement rien d’exceptionnelle. Partout en France, des élus s’interrogent quant à l’avenir de l’église de leur village lorsque d’importants travaux sont à réaliser.