Grandeur et décadence de la ville de Los Angeles, à l’âge d’or du cinéma américain, tel est le programme du nouveau film de Damien Chazelle. Tout à la fois hommage et critique de cette période, Babylon nous transporte dans un monde où tous les excès sont permis.
Damien Chazelle adore déclarer son amour au cinéma, en particulier à celui du glamoureux Hollywood. En 2016, son film musical La La Land rendait déjà hommage au plus célèbre quartier de Los Angeles. À l’instar de Chantons sous la pluie, Babylon raconte le passage du cinéma muet au cinéma parlant, à la fin des années 20 et au début des années 30. Mais contrairement au film culte de Stanley Donen et Gene Kelly, le nouveau film de Chazelle se veut sombre et tragique, et n’est pas dénué de cynisme. Et si Babylon n’est pas pensé comme une comédie musicale, l’œuvre se présente comme un cocktail détonant, au sein duquel l’on aurait mélangé Boogie Nights, Moulin Rouge et Le Loup de Wall Street. Dans cette fresque haute en couleur mettant à l’honneur l’âge d’or d’Hollywood, on suit l’ascension fulgurante puis la chute violente de différents protagonistes. Le personnage de Manny Torres, un immigré mexicain qui se rêve cinéaste, nous ouvre les portes du royaume de la luxure et de la débauche que constituent les fêtes hollywoodiennes : l’un de ses petits boulots consiste à livrer un véritable éléphant à une bacchanale ayant lieu dans l’opulente demeure du directeur des studios Kinoscope. Le jeune homme y fait la rencontre de Nellie LaRoy, une vedette en devenir à l’ambition dévorante. Lors de leur échange, ils déclarent l’un comme l’autre vouloir se faire une place dans la capitale mondiale du cinéma et au sein de son star-system, aussi éphémère soit-elle. Si cette impressionnante machine les propulsera au rang de célébrités, elle finira aussi par les broyer. Pour écrire les personnages de Babylon, Chazelle s’est inspiré de grands noms du cinéma hollywoodien, tels que Clark Gable, Joan Crawford ou encore Clara Bow, l’une des toutes premières sex-symbols du cinéma muet.