Sens : se retrouver en haut de la hiérarchie ou en tout cas, le croire…
Un peu d’histoire
Le 17 février 1415, un règlement est pris sous le règne de Charles VI, je cite : « Doresnavant les quarreaux qui seront amenés pour vendre auront six à sept pouces de haut, de lé et en tous sens ».
Ainsi, désormais ces carreaux que l’on appelle des pavés sont des cubes de 15 à 17,5 centimètres d’arête.
Le verbe « paver » signifie « garnir de pavés », il vient du latin pavare signifiant « battre la terre, niveler ».
Le pavage des rues et des voies de communication en général ne date pas d’hier. Les Romains qui possèdent des voies de différentes largeurs les ont toujours construites de la même façon, surmontant l’ensemble de pierres plates, les ancêtres de nos pavés.
Mais il faut attendre le XIIe siècle pour que le roi Philippe-Auguste décide en 1185-1186 de paver certaines rues de Paris.
Étant présent dans la capitale, le roi observe Paris par sa fenêtre. Les rues sont des chemins remplis de boue et d’ordures. Au passage des chariots, des odeurs pestilentielles s’élèvent vers le ciel.
Aussitôt, le roi convoque bourgeois et prévôt et leur ordonne de paver rues et places de la ville « avec de fortes et dures pierres », ajoute-t-il.
Rapidement les deux axes majeurs, est-ouest et nord-sud sont pavés avec de larges et épais carreaux de pierre dure entremêlés de grès de 35 à 40 centimètres d’épaisseur et de 1,50 mètre de côté. La difficulté de trouver des pavés de grande taille pousse la ville à décider en 1296 d’utiliser des « carreaux » de 16 à 19 centimètres d’épaisseur. Et, au début du XVe siècle, ils sont remplacés par des pavés en forme de cube.
Enfin n’oublions pas qu’au début du XIXe siècle, bon nombre de rues de Paris sont encore en terre battue avec, au centre, une rigole pour l’écoulement des eaux de pluies et des eaux usées. Cette rigole oblige les constructeurs à incliner le sol de part et d’autre pour lui donner une légère pente vers le centre.
Ainsi, les gens les plus aisés marchent-ils sur les hauteurs de la rue et se voient « tenir le haut du pavé », tandis que les gens modestes marchent au centre de la rue, les pieds dans l’eau, les déchets et les détritus.
À partir de 1842, commencent des essais de pavage en bois. De plus en plus utilisés, ces pavés de bois sont fabriqués dans une usine près du pont Mirabeau avec des pins venant des Landes et d’Auvergne ou des mélèzes provenant des Alpes.
Glissants, devenus la terreur des automobilistes, ces pavés de bois ont été remplacés par ceux en grès puis par l’asphalte.
Gardons à l’esprit que ces pavés sont devenus aussi, comme en mai 1968, des matériaux de base des révoltes populaires !