L’Orchestre philharmonique du Luxembourg accompagnera le 5 mai la célèbre soprano Patricia Petibon lors d’un concert annoncé comme féerique et philosophique. Au programme : des pièces de Maurice Ravel, Richard Strauss et Nikolaï Rimski-Korsakov.
La soirée permettra notamment d’entendre Skazka et Shéhérazade, deux pièces inspirées des Contes de 1001 nuits. Le populaire Ainsi parlait Zarathoustra de Strauss fera aussi parler les instruments de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg, lequel ne sera pas dirigé par son capitaine habituel. Le successeur d’un soir de Gustavo Gimeno a la réputation d’être enthousiaste. « Un des plus électrisants et polyvalents chefs d’orchestre de sa génération » a écrit à son sujet l’Orchestre symphonique de Montréal, avec lequel Jérémie Rohrer a collaboré. Il s’est également déjà produit, entre autres, avec la Deutsche Kammerphilharmonie, le Gewandhausorchester, le Philharmonique de Rotterdam et l’Orchestre de Paris. Compositeur respecté, le Parisien doit notamment sa réputation à ses lectures de Mozart. Il est aussi le fondateur, avec le violoniste Julien Chauvin, du Cercle de l’Harmonie. Depuis 2005, cet ensemble est voué aux répertoires des 18e et 19e siècles. Jérémie Rohrer ne sera pas l’unique attention de cette soirée. Sur scène, les regards seront aussi attirés par la chevelure rousse – et le talent – de Patricia Petibon. Cette flamboyante cantatrice, auréolée de trois Victoires de la musique classique, a fait sa marque dans un registre vocal qui n’est pas une spécialité française. Rappelons qu’elle appartient au clan des sopranos colorature, la tessiture plus aiguë des gosiers humains. Toujours friande d’explorations, l’ancienne élève du Conservatoire de Tours aime sautiller d’un genre à un autre, butinant dans les répertoires mozartien, contemporain et baroque, sans oublier la chanson française. L’an passé, la chanteuse lyrique a étoffé sa discographie avec la sortie de La grande traversée, chez Sony, véritable récital d’airs célèbres puisant dans différents répertoires du 17e au 19e siècles. À noter qu’une conférence en français précédera le concert, sous la houlette de Jérémie Rhorer, à 19h15. Le concert sera quant à lui retransmis en direct sur les ondes de Radio 100,7.
Vendredi 5 mai à 20h au Grand Auditorium / www.philharmonie.lu
Mélange de genres
L’académisme n’est pas la tasse de thé de la formation qui investira fin avril la Salle de musique de chambre de la Philharmonie Luxembourg. Avec Tangram, seul le mélange compte. Le groupe lui-même doit sa création à la rencontre de deux cultures différentes. Un Français, une Coréenne. Pour la petite histoire, Antoine Boyer a croisé la route de Yeore Kim lors d’un festival à Taïwan. C’était en 2018. Entre les deux, l’entente a été immédiate. Un coup de foudre à la fois professionnel et humain qui a enfanté un projet musical où se mêle le jazz et le classique, mais aussi la guitare d’Antoine, virtuose de renommée internationale aimant puiser dans les horizons qu’il côtoie, et l’harmonica de sa partenaire, nourrie très tôt aux sonorités jazz de son pays. Pour donner plus d’étoffe à ses compositions, le tandem s’est entouré d’autres musiciens. Le contrebassiste Fabricio Nicolas et le batteur Damien Françon complètent le dispositif durant les concerts. Il arrive aussi que le quartet se mue en septet en intégrant des cuivres. Il y a deux ans, Tangram franchissait un nouveau cap dans sa jeune carrière en mettant sur orbite un premier album, baptisé sobrement Tangram. Sorti sous le label Viavox/L’Autre Distribution, la galette de 12 titres – pour à peine une heure de musique – alterne des symphonies (la pièce After the Storm par exemple) et des ballades, et ne tarde pas à emballer les écoutilles avec ses rythmes contrastés et l’entente qui saute aux oreilles entre l’harmonica et la guitare, à l’image de leur dialogue sur le morceau Imagina. L’accord parfait.
Jeudi 27 avril, à 19h30 à la salle de musique de chambre de la Philharmonie Luxembourg
Icône militante
C’est une grande dame de la culture afro-péruvienne qui se produira sur la scène du grand auditorium de la Philharmonie Luxembourg le 22 avril, entourée de six musiciens. Dans le cas de Susana Baca, on peut même parler d’icône. Sa vie ressemble à un roman, elle qui fut aussi enseignante, ethno-musicologue et même ministre de la Culture en 2011, devenant au passage la première ministre noire du Pérou indépendant, où elle est une véritable institution. Elle y a fondé, avec son époux, l’Institut du continuum noir, qui est consacré à l’étude des musiques et des danses afro-péruviennes. À 77 ans, la native de Lima n’a rien perdu de son aura et de cette voix fluide et intense qui continue d’enchanter le public. Il faut ajouter son engagement, toujours aux avant-postes, qui teinte les paroles de ses compositions. Son dernier album, Palabras Urgentes (Vérités urgentes), sorti en 2021 sous le label Real World, ne déroge pas à cette nature profonde. L’opus, qui planera sur la soirée luxembourgeoise, démontre le penchant militant de cette femme repérée par David Byrne (leader de Talking Heads). À l’image du titre Cambalache, un tango dont elle a changé les paroles pour en faire une chanson contestataire, dans laquelle elle en appelle notamment à l’honnêteté et la transparence. Pour celle qui a déclaré un jour vouloir susciter le débat en chantant, et qui n’hésite pas à défendre les oubliés et les opprimés, la poésie s’est toujours mêlée de politique au fil d’une carrière qui a atteint le demi-siècle (et même un peu plus). Une grande dame, on vous l’a dit.
Samedi 22 avril, à 20h au Grand auditorium de la Philharmonie Luxembourg