Après son travail autour de Nijinski, Dominique Brun revisite le travail de sa sœur, avec Nijinska – Voilà la femme, programme composé de deux pièces que celle-ci avait chorégraphiées dans les années 1920.
Cela fait plus de vingt ans que Dominique Brun croise son intérêt pour la création chorégraphique contemporaine et l’histoire de la danse en explorant des œuvres majeures. Elle réévalue ainsi leur impact dans la généalogie de la danse moderne en les confrontant à une interprétation contemporaine.
Après un long cycle consacré à Vaslav Nijinski, elle se penche aujourd’hui sur l’œuvre de Bronislava Nijinska, chorégraphe restée dans l’ombre de son frère malgré une production plus flatteuse. Danseuse, elle devient l’unique chorégraphe femme au sein des Ballets russes de Serge Diaghilev et y crée notamment Les Noces en 1923. Puis chorégraphie Bolero pour la compagnie d’Ida Rubinstein en 1928.
Deux pièces que Dominique Brun et Les Porteurs d’ombre défendent avec les 21 chanteurs de l’Ensemble Aedes et 5 musiciens de l’orchestre Les Siècles. La relecture des Noces s’appuie sur le regard que Nijinska portait sur le mariage, un drame austère et dépouillé, un acte sacrificiel. Les corps des 22 danseurs se fondent dans une masse anonyme par laquelle l’action rituelle se déploie. Les visages restent neutres sans expression. Entre les quatre tableaux musicaux de Stravinsky, Dominique Brun a inséré trois “tableaux vivants” représentant des noces paysannes peintes par Pieter Brueghel et Pierre Paul Rubens, pour donner à l’œuvre un autre cadre de lisibilité.
En seconde partie, le Bolero (œuvre commandée à Ravel par Ida Rubinstein) a été réinventé avec François Chaignaud. Le danseur, torse nu, vêtu d’une immense jupe à volants multicolores, placé au dessus de l’orchestre, y devient une héroïne flamenco. Il y alterne des mouvements complémentaires : staccato des pieds emprunté au flamenco et ralentis extrêmes portés par les bras et le torse, qui empruntent aux “révoltes de la chair” de certains danseurs Butô. Une danse qui se fait résistance en opposant sa mobilité à la progression inexorable de la musique du Bolero. Un fascinant hommage visuel à la chorégraphe russe.
Samedi 29 jan 2022 – 20h à l’Arsenal
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