Alors que la société RnK, après avoir remporté l’appel d’offres, a lancé les inscriptions de l’Euro Marathon Metz et peaufine le parcours (cf. Le Courrier Messin n°48), l’association Marathon Metz Mirabelle lance une campagne d’inscriptions parallèle pour sa course qui aurait lieu le même jour, dimanche 12 octobre ! Imbroglio ou provocation ? Derrière cette cohabitation supposée, une bataille plus discrète mais déterminante se joue entre la Ville et l’association historique. Trois procédures judiciaires sont en cours.
Un peu d’histoire
De 1973 à 1993, le marathon de Metz regroupait une poignée de fondus qui parcouraient le sud messin en quête de reconnaissance pour une discipline qui était à cette époque quelque peu confidentielle. Le Messin Dominique Boussat en était une figure emblématique et remporta par trois fois l’épreuve. En 2010, après 17 années d’absence, et face à l’engouement populaire que suscite désormais ce type d’épreuve, une association se crée et entreprend de relancer l’organisation d’un marathon à Metz. Elle le fera jusqu’en 2022, période à laquelle elle connaîtra des soucis internes de présidence. Le président élu en 2018, ayant été débarqué en 2021, porte l’affaire en justice. L’édition 2023 est annulée, l’Eurométropole de Metz retirant son soutien financier devant les incertitudes nées du conflit interne à l’association.
La situation actuelle
D’un côté : une société (RnK) qui a remporté, en toute transparence, un appel d’offres public et met sa compétence au service d’une collectivité (l’Eurométropole de Metz) pour faire renaître un marathon à Metz. Elle a commencé son travail, avec une participation record annoncée, et un tout nouveau parcours, inédit, qui partira du centre Pompidou et y arrivera, longera la Moselle et traversera le stade Saint-Symphorien. RnK peut compter, pour cette organisation, sur le soutien du club local d’athlétisme, A2M, et de ses bénévoles. De l’autre : une association, Marathon Metz Mirabelle, qui entend reprendre le flambeau éteint en 2022 et annonce l’organisation d’une course… le même jour ! L’association a lancé récemment une campagne d’inscriptions et a présenté le profil du parcours sur les réseaux sociaux.
Et maintenant ?
Certains coureurs peuvent être déstabilisés, et on peut les comprendre. Pour autant, on ne voit pas comment Marathon Metz Mirabelle pourrait obtenir l’autorisation d’occuper la voie publique et d’y organiser un marathon de la part de la Ville de Metz, des communes concernées et de l’Eurométropole qui a délégué l’organisation d’une course le même jour. Sans parler de l’élément financier, le nerf de la guerre à ce niveau et qui a été la cause de l’annulation en 2023. Sans soutien financier et matériel des communes et de l’agglomération, il semble pour le moins difficile pour l’association d’aller jusqu’au bout de son projet !
Un double dossier judiciaire en parallèle de la course

l’édition 2025. © Le Courrier Messin
Si l’agenda sportif mosellan annonce deux marathons à une semaine d’intervalle cet automne, le calendrier judiciaire suit, lui aussi, un rythme soutenu. Loin du seul enjeu d’organisation ou de notoriété, le conflit entre l’association Metz Marathon, organisatrice historique de l’épreuve, et l’Eurométropole de Metz, désormais alliée à l’agence RnK, s’est déplacé sur le terrain juridique.
Au total, trois contentieux sont en cours, dont les décisions pourraient avoir un impact durable sur l’avenir de l’événement. Un recours administratif a d’abord été déposé par Metz Marathon devant le tribunal de Strasbourg : l’association conteste la régularité de la procédure ayant conduit à l’attribution de l’organisation à un nouvel opérateur privé. En parallèle, une action en parasitisme économique a été engagée à l’encontre de RnK, que Metz Marathon accuse d’avoir repris ses codes, son format, et d’entretenir volontairement la confusion autour de l’événement. Enfin, une troisième procédure, en diffamation, aurait été engagée cette fois par l’Eurométropole contre Metz Marathon, en réaction à des communications jugées trompeuses ou dénigrantes.
Dans ce contexte tendu, les deux courses figurent malgré tout au calendrier de la Fédération française d’athlétisme, sans labellisation officielle à ce jour. Les deux organisateurs revendiquent leur légitimité. Metz Marathon, en particulier, assure que les moyens financiers sont réunis pour assurer l’édition 2025, et que l’absence de soutien public ne remet pas en cause son autonomie.
Du côté de la Ville, la position reste ferme. Le maire François Grosdidier, qui a confirmé son choix de mettre fin à la collaboration avec Metz Marathon, évoque un principe de mise en concurrence justifiant le recours à un appel d’offres. Il conteste par ailleurs la légitimité exclusive revendiquée par l’association et défend une conception ouverte de l’événement sportif.
S’ajoutent à cela des critiques plus frontales sur la gestion passée : l’édile a dénoncé un modèle économique jugé opaque, évoquant des recettes reversées à une structure commerciale et une gouvernance peu lisible. L’association n’a pas souhaité réagir publiquement sur ces accusations, se concentrant sur l’organisation de sa propre épreuve.
En attendant les décisions de justice, les deux événements poursuivent leur communication et leurs inscriptions. RnK a lancé une campagne d’envergure et organisé une conférence de presse, tandis que Metz Marathon reste active via ses canaux numériques. Sur le terrain, coureurs et bénévoles s’interrogent : y aura-t-il deux marathons en octobre ? Un seul ? Ou aucun, si la situation venait à se bloquer ?
À ce stade, aucune autorisation officielle n’a été délivrée par la Ville ou l’Eurométropole pour l’épreuve portée par l’association, ce qui pourrait clairement poser problème à l’approche de l’échéance. Une chose est sûre : la rivalité ne se jouera pas uniquement sur le bitume.