Pour Philippe Delaporte, agent immobilier chez ImmoSky Metz, il importe de relativiser la hausse des taux d’intérêts et de ne pas sous-estimer l’impact du contexte social sur le marché.
Comment s’est comporté le marché de l’immobilier depuis 2020 ?
Dans la foulée de la crise sanitaire, l’activité s’est emballée : les taux d’emprunt étaient attractifs, les Français avaient moins dépensé et donc des économies plus conséquentes pour investir et ils étaient nombreux à vouloir changer de logement pour des surfaces plus grandes ou des biens avec jardin ou terrasse. En avril et mai derniers, il n’était pas question de négocier quoi que ce soit. J’ai même eu des clients qui faisaient de la surenchère, prêts à payer plus cher que le prix demandé pour obtenir le bien convoité. Depuis juin, le marché s’est apaisé.
Compte tenu de la trêve estivale ?
Notamment, mais je pense que le temps de l’euphorie est passé compte tenu de divers facteurs. Les taux d’emprunt ont progressé et les banques ont renforcé leurs exigences. Et puis au-delà des inquiétudes liées, entre autres, à la guerre en Ukraine, je pense que les Français appréhendent des tensions sociales fortes. Le climat social est pesant et cela a de l’influence sur le moral et les projets. Les prochains mois devraient être plus calmes, surtout que les prix ont fortement progressé, de plus de 15% – voire même 18% – , en Moselle, en un an, en ce qui concerne les biens les plus recherchés (offrant des extérieurs).
Faut-il s’attendre à une progression des taux de crédit immobiliers ?
Ils ont progressé ces dernières semaines pour atteindre 2 ou 2,5 % (selon les durées) alors que l’an dernier, ils se situaient en-deçà de 1 %. Mais personnellement, je suis convaincu qu’ils ne vont pas s’envoler ne serait-ce que parce qu’il importe de ne pas fragiliser un peu plus encore le pouvoir d’achat des Français qui subissent les conséquences de l’inflation. Si l’immobilier ralentit trop, c’est le bâtiment qui en fera ensuite les frais avec des conséquences néfastes en cascade. Pour rappel, il y a 6 ou 7 ans, les taux tournaient autour de 4,5%, il y a 15 ou 20 ans, ils étaient supérieurs à 10. Des taux qui remontent un peu sont une mauvaise nouvelle, notamment pour les ménages modestes ou les jeunes primo-accédants, mais pour l’heure, ils restent toujours attractifs. En revanche, le taux d’usure des banques doit être corrigé, c’est certain.
Quelles sont les communes, en Moselle, où le marché est le plus actif ?
Metz-centre continue de séduire tout comme Thionville avec la proximité du Luxembourg. Il y a encore quelques mois, je pensais que les communes de la vallée de l’Orne allaient enregistrer une forte demande mais elle s’avère moins soutenue que je ne l’avais imaginée.
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Investir dans l’immobilier locatif pour s’assurer un complément de revenus à l’heure de la retraite. Un bon plan ?
Oui, si vous achetez au juste prix et que vous vous attachez à limiter les risques. Mieux vaut, par exemple, investir dans deux petits appartements que dans un grand, afin de se prémunir de loyers impayés. Investir pour faire de la location meublée est aussi une solution intéressante puisque cela vous permet de louer de 35 à 55 % plus cher qu’un appartement vide. Cela implique de bien équiper le bien en meubles et fournitures, donc d’investir, mais il y a de la demande. À Metz, par exemple, l’un de mes clients a choisi cette option, ce qui lui a permis de passer le loyer de 460 euros par mois à 590 euros et il n’a eu aucune difficulté à louer. Des entreprises se chargent d’ailleurs de gérer le bien pour vous. Le loyer est forcément moins important mais vous avez la garantie de les percevoir, les contrats étant signés à l’année.