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Le cas Korniloff

Vianney Huguenot Par Vianney Huguenot
1 décembre 2022
in Portrait
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Le cas Korniloff

© Photo A. Mebarki

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Petit-fils d’aristocrates russes, spirituel, réac, couronné dernièrement à Paris du Prix de l’art singulier, provocateur, peintre, auteur, illustrateur, Messin et Parisien, subsidiairement historien de l’antique Corail reliant les deux villes en trois heures (une époque !), tel est le tableau d’un Vadim Korniloff prestement parcouru. Beaucoup plus complexe, le personnage assume ses évolutions tout en magnifiant les expressions de l’éternité : ce qui se conserve et structure fondamentalement et continûment nos communautés. Gourmand de contre-pieds, il élabore un classicisme anarchiste. « Anar de droite », le double qualificatif lui va. Comme Baudelaire, dont il illustre plusieurs textes dans un ouvrage récemment paru aux éditions Memento Mori, Vadim Korniloff méprise son époque et «la morale des boutiquiers». Il se méfie des foules et manifeste de la tendresse pour les maudits. Nourri d’une mélancolie créatrice, le peintre voit sa réputation grossir. Pas question de sauter sur sa chaise comme un cabri en disant jackpot, jackpot, jackpot, il recule, analyse et commente le match : « La bonne création, c’est celle qui surprend. Il faut surprendre les gens, pas chercher à leur plaire. Aujourd’hui, on confond surprendre et choquer. Choquer, c’est facile, c’est souvent là que se vautre l’art contemporain. Plaire, ce n’est pas si difficile non plus ». Flânerie au pays de l’anti-mode.

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Il aime ou pas, et chez Vadim Korniloff, quand on n’aime pas, on ne conte pas, on flingue. Première caractéristique du personnage : le franc-parler. Il estime et pratique l’échange intellectuel à fleurets mouchetés, mais il pique à l’évocation de mots qui fâchent : culture Canal, Jack Lang ou Pompidou-Metz, pour l’exemple : « La réelle fonction de ce centre apparaît comme une évidence, celle que l’on perçoit aussi quand on sort du centre Pompidou-Metz et que l’on contemple son environnement. En face de Pompidou-Metz, se dresse un mastodonte de béton et, comble du cynisme, son nom : Muse, littéralement « inspiratrice poétique ». Et que trouve-t-on dans ce centre affublé d’un nom dont le sens laisse rêveur ? 115 boutiques et restaurants, dont un supermarché ! Voilà donc la prophétie warholienne tant redoutée, la culture artistique au service de la culture marchande et consumériste » (1).

Tout est question de temps chez cet artiste, fervent de philosophes et poètes. Il est de la classe des intellectuels de table, avec lesquels il faut s’asseoir longuement pour cerner la profondeur des sentiments, appréhender sa définition de la beauté – qui tient tout, finalement – et éteindre ou adoucir les clichés qui l’enveloppent et qu’il a parfois lui-même créés. « Ce qui m’insupporte, c’est le consensuel. On est tous devenus des bourgeois avec des codes. Même la transgression est codifiée, c’est de la fausse transgression et tout cela m’agace. Ce qui m’amuse, c’est d’aller voir derrière le décorum. Nous sommes aujourd’hui dans une société d’intérêts particuliers, munie d’une morale de boutiquiers. Avant le capitalisme, les sociétés étaient tenues par ce qu’on appelle les solidarités réciproques. Dans l’Antiquité, quand quelqu’un accumulait des biens – on nommait ça la pléonexie – on le considérait malade et on le soignait. Aujourd’hui, cette maladie est une vertu ». Ce modèle économique, dit-il, reprenant la théorie de Marcel Mauss sur le capitalisme « fait total », dépasse ses prérogatives et « structure désormais nos rapports sociaux » : « Tout tourne aujourd’hui autour de la réussite individuelle. C’est la société du narcissisme ». S’il admire le génie de Marx, ne cherchez pas pour autant le coco qui sommeille en lui. Il porte sur les doctrines – capitalisme, libéralisme, communisme – un même regard prudent : « Tous ces systèmes sont valables et peuvent fonctionner. Le souci, c’est l’excès, l’excès de démesure. Et on revient à l’Antiquité, par exemple à la crainte exprimée dans le mythe d’Icare ». Les religions ne sont pas exclues du procès en excès, mais, bien que non croyant, Vadim Korniloff les érige en colonne vertébrale : « Là où on peut considérer que je suis réac, c’est parce que je crois qu’il n’y a pas eu meilleure invention que la religion pour structurer une société. Cela correspond aussi à la croyance en quelque chose de supérieur et à une invitation à l’humilité. Aujourd’hui, on a le melon ». Ces excès, intrinsèques à toute organisation, se traduisent parfois en arrogance, quand par exemple, dit-il en substance, l’Occident à l’aune de ses seuls valeurs et repères juge péremptoirement la Russie. Ces excès rejoignent également son histoire familiale. Des grands-parents de la noblesse russe chassés par la Révolution de 1917. « Un vrai traumatisme ! Mon grand-père n’a jamais compris ce qui lui arrivait et toute sa vie d’exil, il a conservé son passeport Nansen [passeport créé à l’origine pour les réfugiés russes, permettant aux apatrides de circuler à l’international, NDLR], il est mort avec, il est mort Russe, bien que Parisien. Par la suite, les Russes en France sont restés très communautaires. Même mon père Dimitri, né en 1941, a d’abord appris le russe, puis le français. Moi-même, j’ai été élevé dans ce souvenir ». Gamin, Vadim Korniloff vit entre Paris et Metz. Il devient peintre relativement tard, au début des années 2000, après avoir créé et dirigé des entreprises. Il vit une époque de cassures et de blessures, « le cancer et le décès de mon associé, une faillite, un divorce, tout d’un coup ». La rencontre avec sa deuxième épouse, Mylène, lui ouvre d’autres fenêtres et le raccorde à l’univers de la peinture : « Elle peignait en hobby et je m’y suis mis aussi, j’ai commencé à dessiner et peindre, de manière compulsive. Je me sentais bien, simplement, je ne voulais pas particulièrement être peintre ».

La scène 2 de l’acte II est aussi en coproduction. La sœur de Vadim, Alexandrine, mariée à un banquier italien basé au Liban, embarque quelques tableaux pour son appartement, « elle aimait bien ce que je faisais ». Au hasard d’une de ces réceptions où le gratin gratine et l’essentiel s’écrit, Saad Hariri, président du Conseil des ministres du Liban, découvre les œuvres du Messin. Il aime bien, lui aussi, et commande quelques connexions. Première exposition à Beyrouth en 2007. D’autres suivent, à New-York, Paris et Saint-Paul-de-Vence, the place to be in the midi, un condensé de mythes – Modigliani, Matisse, Prévert, Signoret, Chagall, Lurçat et d’autres ont habité ou fréquenté assidûment le village – ces désormais classiques qui dessinent la beauté éternelle chère à Vadim Korniloff.                      

(1) Interview pour le mensuel L’Estrade en mai 2018

© Photo A. Mebarki

Beaudelaire revisité par Korniloff

Pourquoi Charles Baudelaire ? Probablement parce que des parallèles se rejoignent, les lignes du poète et celles du peintre, qui a passé un an à produire une centaine d’illustrations de textes tirés de la première édition des Fleurs du mal. Ce récent livre – le douzième – de Vadim Korniloff est édité chez Memento Mori( Souviens-toi que tu es mortel ). Double effet : il expose sous un autre angle l’art marginal et fantastique de couleurs, d’expressions, de gestes, de silences, de Vadim Korniloff ; et il produit l’envie de relire Baudelaire, dont les mots sont librement exaltés par les traits du peintre. Les fleurs du mal, aujourd’hui célébrées et étudiées au bac, « à l’époque de la première parution en 1857, rappelle Vadim Korniloff, n’ont pas été bien accueillies par la critique. Baudelaire transgresse la pudeur, il casse les codes sur le fond, dans ce qu’il exprime sur les tréfonds de l’âme. Sa modernité, c’est de tout mettre sur la table. Mais sur la forme, il demeure dans le respect, il est le dernier des classiques ». Pourquoi Charles Baudelaire ? Aussi parce qu’il incarne un conservatisme séant au Messin, le renvoyant à ses propres tourments : « Baudelaire n’aimait pas son époque. Il était moderne mais pas progressiste. À cheval sur deux époques – c’est l’ère des révolutions industrielles – les innovations techniques lui faisaient horreur ».                                                          

Séance de dédicace le jeudi 15 décembre de 15h à 22h à la Belle épicerie, 2 rue Gambetta à Metz

Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire, illustré par Vadim Korniloff, éditions Memento Mori / 256 pages / 700g 

Pour se procurer l’ouvrage en ligne, cliquer sur : secure.payplug.com/p/j1aS1As

© courriermessin.fr

Tags: Les fleurs du malVadim KorniloffVille de Metz
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