Nom de scène : Karlito. Pseudo qu’il traîne depuis le collège : « Quand on commençait à apprendre l’espagnol, j’étais Carlito, le petit Carl »… devenu grand, avec un K, un cas d’école, empochant au fil des ans sept titres de champion du monde de boxe thaï et quelques autres trophées. Pour ce Messin de 36 ans, le ring est un échiquier et le sport un art.
Il rêvait d’abord de foot, Charles Alexandre François, alias Karlito, un gamin de Borny à « l’enfance totalement heureuse ». Avant d’entrer à l’école de formation du FC Metz, il commence le foot à l’UL Plantières, et « quand j’avais dix ou douze ans, ils ont construit ici un terrain de foot synthétique qui était un lieu de rassemblement. On ne vivait que pour le foot. De huit heures du matin à huit du soir, pendant les vacances, on était sur le terrain. L’enfance, c’était vraiment l’insouciance, on prenait simplement du plaisir, je n’avais pas encore d’idée précise sur ce que je voulais faire plus tard ». Karlito passe les vingt-neuf premières années de sa vie « dans un rayon de deux kilomètres, sur Borny et Bellecroix » et quand il franchit le pas, saute du foot à la boxe, ses parents s’inquiètent : « Cela faisait un peu peur à mes parents, surtout ma mère, mais elle savait que j’étais passionné et sérieux, que je faisais attention à mon entourage et que les études suivaient bien ». Karlito s’établit dans le monde professionnel notamment grâce aux infrastructures et aux équipes des Arènes de Metz : « C’est un lieu qui m’a permis de créer mon rêve. J’avais déjà remporté deux championnats du monde quand je suis arrivé aux Arènes et cette structure m’a permis d’aller plus loin et de franchir des grosses étapes dans ma carrière », dont une longue série de podiums prestigieux. Metz, dit-il, dispose d’une gros potentiel dans les arts martiaux, estimant à plusieurs milliers le nombre de pratiquants, « on a de quoi avoir de grands champions internationaux mais on ne dispose pas de structures en nombre suffisant pour les sports de combat ». Les arts martiaux, d’une part, la boxe de l’autre, représentent des univers complexes pour les profanes. En boxes, on connaît bien la thaï (plus complète, davantage un art martial qu’un sport de combat), l’anglaise (la plus démocratisée) et la française (la savate), qui se différencient, entre autres, par les parties du corps que l’on peut utiliser pour frapper l’adversaire. C’est aussi un état d’esprit qui régit ces sports. La boxe thaïlandaise, ou Muay-Thaï, porte une longue histoire, d’abord celle des arts martiaux dont les origines sont africaines, « elles se sont ensuite exportées, notamment en Asie ».
Lorsque le petit Charles pas encore Karlito naît en 1986 au cœur du quartier, à la maternité Claude-Bernard, l’émission de télévision La tête et les jambes a disparu du petit écran depuis dix ans. Karlito aurait été un bon client de ce programme jadis animé par Pierre Bellemare, puis Philippe Gildas et Thierry Roland. Les invités devaient effectuer deux performances de haut niveau, l’une d’ordre intellectuel (de rudes questions), l’autre d’ordre sportif (un parcours dans le sport de leur choix). Karlito roule ainsi, s’appuyant sur une double puissance, de l’esprit et du corps. Et le voilà qui raconte la boxe thaï comme un poète, usant de mots châtiés, choisis, servis tout en douceur, cassant l’image de la boxe thaï combat de brutes : « C’est très cérébral en fait. J’apparente la boxe à une partie d’échecs où on place nos pions, on établit une stratégie pour amener notre adversaire vers telle ou telle action. A ceux que je coache, j’apprends à transposer ces règles de boxe dans leur vie de tous les jours : la ténacité, le goût du travail, la patience, des valeurs importantes dans nos vies ».
Depuis plus de dix ans, ce père de trois enfants s’est fondé une autre carrière, « coach personnel, spécialisé en sport, nutrition et mental ». Son centre de coaching, situé à Marly, cible trois catégories : des dirigeants et cadres d’entreprise, des sportifs de haut de niveau et, pour les remises en forme, toute personne désirant reprendre la main (ou le pouvoir) sur son corps et son mental, quels que soient son parcours, son âge et son poids. Son statut de champion du monde séduit et capte l’intérêt de certains clients. D’autres, au contraire, redoutent que la barre soit trop haute. Karlito rassure : « On s’adapte à tout le monde et tous nos programmes d’accompagnement sont personnalisés ». « On », c’est à dire lui, d’autres coachs, ainsi que la compagne de Karlito, Maud Hassler. Psychologue, membre du Pôle de thérapie et bien-être de Metz-Magny, elle intervient dans l’élaboration des programmes personnalisés du centre de coaching de Karlito. Lequel Charles n’a pas ouvert ce centre comme on assure sa reconversion de sportif prenant de l’âge. Il est décidé à rajeunir et aller chercher prochainement un nouveau titre de champion du monde.
Centre de coaching Champions Never Die
1 rue du chemin de fer 57155 Marly – 06.29.20.21.36
champions-never-die.com / facebook.com/Karlito57
Une 1ère face à 100 000 personnes
Sa maman craignait qu’il entre dans l’univers de la boxe (on la comprend), elle est sans doute très fière aujourd’hui du parcours du gamin. Sept fois champion du monde, champion d’Europe, champion Intercontinental, champion de France, n’en jetez plus… ah si, encore une, Sportif de la décennie, au cours d’une battle organisée par Le Républicain Lorrain. Le choix des internautes avait placé Karlito en tête (30 % des suffrages) devant, s’il vous plaît, deux autres très grands champions, Steven Da Costa (karaté) et Ugo Humbert (tennis). De tous ses trophées, Karlito retient d’abord la première victoire mondiale : « Elle était très particulière. D’abord, elle s’est déroulée en Thaïlande et à l’anniversaire du Roi. C’est un événement national, c’est comme jouer une finale de la coupe du monde de foot, c’est une immense cérémonie. J’ai d’ailleurs découvert la boxe thaï grâce à cet événement à la télévision. Ce premier championnat du monde, je l’ai emporté devant plus de 100 000 personnes. C’était une vraie consécration ».