Au Judo Club Verny, la solidarité ne se résume pas qu’à une simple expression, elle figure comme un mode de vie. Étayé par une philosophie d’entraide où chaque membre est incité à redonner, ce club de judo mosellan se distingue tant par son exceptionnel taux de fidélisation que par l’excellence de ses athlètes. Portrait d’une entité dont le cœur bat bien au-delà des tatamis.
Un soir de novembre, alors que la noirceur de la nuit s’est emparée des artères de Verny, des ombres à travers les fenêtres du centre socioculturel de ce village de la périphérie messine se mettent en garde puis se font chuter. Le mouvement est répété de nombreuses fois. À l’entrée du dojo où les judokas du club éponyme répètent leurs gammes, le slogan de l’entité alertent le regard: « Bâtir le corps, forger l’esprit, vivre une passion. » Plus qu’un message, une philosophie que les 217 licenciés viennent quérir et s’empressent de répéter. La fabrique à champion(ne)s fêtera ses 50 ans en juin 2024.
Fondé à la fin des Trente Glorieuses par Paulette Werner, le Judo Club Verny s’est rapidement mué pour elle en une seconde famille. La sympathique septuagénaire en raconte la genèse : « Avec mon mari nous sommes arrivés à Verny en 1973. J’y ai tout de suite fait partie de l’association des parents d’élèves et je trouvais qu’il manquait quelque chose. L’idée du judo m’est alors venue ! » La ceinture marron est alors épaulé par son mari Christian qui devient entraineur au sein de la structure. Cinquante ans ont passé, les générations ont défilé, mais lui est toujours là, à transmettre sa passion et les valeurs de son sport. Lorsqu’il s’agit de parler de cette discipline créée par le Japonais Jigoro Kano, Christian Werner se montre affable : « Je suis sur le tapis 4 fois par semaine pour les gamins. Je suis animé par l’envie de formation et de transmission. » Fièrement, il rappelle qu’il a « jusqu’à 90 enfants à gérer sur 3 cours le mercredi après-midi. »
Celui qui figure comme une des clés de voûte du succès de l’entité vernoise, rappelle l’importance du bénévolat : « Cela correspond à notre état d’esprit et à notre engagement de toujours. Nous nous sommes toujours bagarrés pour que tout le monde ait les mêmes chances. Ici, il n’y a aucune différence entre ceux qui ont les moyens et ceux qui n’en ont pas. La seule différence réside dans notre grade ceinture car nous sommes tous vêtis du même kimono blanc. »
L’adage dit souvent qu’ « apprendre grâce à un bénévole, c’est s’engager à redonner un jour ». C’est précisément l’essence du Judo Club Verny. En effet, ceux qui y mettent les pieds ressentent cette énergie unique qui permet à la structure de jouir de l’un des taux de fidélisation les plus élevés de Moselle : « Une fois intégrés, ils ne nous quittent plus ! » lance fièrement Christian Werner.
Et la fidélité se montre en adéquation avec la performance. Preuve en sont les distinctions récoltées récemment par les athlètes du club aux championnats du monde vétérans à Abu Dhabi (Emirats Arabes Unis). Antoinette Perquin et son coéquipier Yann Werner sont revenus tous les deux des Emirats Arabes Unis avec une breloque de bronze autour du cou. Et les jeunes pousses comme Kelissa Magalalhaes, médaillée lors des derniers championnats de France, suivent. À Verny, le judo club entretient son savant travail de transmission et permet de placer la bourgade sur le Globe…
« Des valeurs humanistes fortes ! »
Homme à tout faire du club vernois, le champion et coach de judo Yann Werner revient sur son parcours.
Comment êtes-vous venu au judo ?
Je suis arrivé dans ce sport par l’intermédiaire de mes parents à l’âge de 3 ans et demi. Je suis donc allé sur le tapis très jeune. Je me suis essayé à d’autres disciplines mais j’ai accroché tout de suite à ce sport où j’ai pu totalement m’exprimer. J’aimais le côté rentre dedans.
Quel y est votre meilleur souvenir ?
Je dirais ma première médaille en district de Metz. J’étais alors âgé de 11-12 ans et j’ai vu mon père très fier de moi. Cela a été le déclic pour moi ! Ce souvenir prime même sur mes titres aux championnats du monde. Ce n’est pas la même euphorie.
En plus de revêtir l’habit de judoka, vous êtes coach. Qu’est-ce qui vous anime le plus dans ce rôle ?
Ce qui me plait le plus est le fait de pouvoir transmettre des valeurs et de voir la joie des gamins. Peu importe le niveau culturel ou social, nous sommes tous pareils sur le tapis avec notre kimono. On sort de tout ce contexte négatif sociétal actuel. La récompense c’est quand ils performent ou font le bon mouvement. Ils ne seront pas tous champions du monde ou de Moselle mais tous auront appris des valeurs.
Si vous deviez donner une définition du judo club Verny. Quelle serait-elle ?
C’est très simple. Notre club est régi par des valeurs humanistes fortes comme l’amitié, le respect et la transmission.