Avec la fermeture de la centrale à charbon Emile-Huchet, la Communauté d’agglomération Saint-Avold Synergie (CASAS) tourne la page du charbon pour développer un ambitieux projet en lien avec l’hydrogène, dans le cadre d’une approche plurielle.
La force de ce projet, c’est qu’il répond à la nécessité de développer la mobilité verte tout en répondant aux besoins des industriels engagés dans la transition écologique. De plus, il s’enracine dans histoire industrielle tout en positionnant le territoire comme un territoire d’avenir », explique Salvatore Coscarella, le président de la Communauté d’agglomération Saint-Avold Synergie (CASAS) à propos du projet visant à développer une filière hydrogène sur le territoire du Warndt Naborien. Une filière territoriale de production, de stockage et d’utilisation d’un hydrogène produit par électrolyse de l’eau, issu d’une électricité décarbonée.
Ce projet qui est né en réponse à l’arrêt de la tranche charbon de la centrale thermique Emile-Huchet, afin d’assurer la « revitalisation » du territoire, avec le soutien de l’Etat, dans le cadre du Fonds charbon. Et cela parce que le territoire a des atouts à faire valoir et du potentiel. Trois projets distincts tout en étant complémentaires, sont initiés.
Projet transfrontalier, mosaHYc (Moselle Sarre HYdrogène Conversion) vise à créer un réseau de transport européen 100% hydrogène qui reliera la Sarre, le Grand Est et la frontière luxembourgeoise. « Et cela en mettant à profit un réseau de conduites de gaz déjà existant qu’il faudra reconvertir. Autre atout, en Sarre se développe également un projet hydrogène comparable à celui du territoire du Warndt Naborien, ce qui va encore optimiser les interconnexions », explique Thierry Zimny, professeur à l’Université de Lorraine et chargé de mission innovation à la CASAS. L’hydrogène ainsi transporté sera utilisé pour des usages de mobilité en alimentant des trains, des poids lourds, des bus…
Convertir une partie de sa flotte de bus à l’hydrogène dès 2024, la CASAS l’envisage également en s’appuyant sur le projet Emil’Hy. L’ambition est d’installer, d’ici 2023, une unité de production d’hydrogène par électrolyse sur le site même de la centrale (et de le connecter au réseau évoqué précédemment) en capitalisant sur l’outil industriel existant. Cette unité montera en puissance très rapidement pour alimenter aussi l’industrie.
Dans un registre différent, une étude a également été lancée portant sur la création d’un centre international de qualification et certification de composants hydrogène, en y intégrant également de la formation initiale et professionnelle. Et cela dans le cadre d’un partenariat qui associe le Groupe Institut de Soudure, l’IUT de Moselle-Est et le Pôle de Plasturgie de l’Est (PPE) qui est mandatée par la CASAS pour initier la filière hydrogène du territoire qui s’inscrit dans le Projet de Territoire du Warndt Naborien.
« Tout cela s’inscrit dans une réflexion qui a été initiée depuis 2018 par la collectivité. Ce qui est à souligner, c’est que ces projets sont soutenus par l’Etat et des collectivités mais aussi par les industriels du territoire. Il y a un intérêt réel qui se concrétise par des investissements. Nous sommes dans le bon timing à l’heure où de nombreux autres territoires ne font que se lancer dans la course », explique Thierry Zimny qui rappelle notamment que selon France Hydrogène, la filière hydrogène emploie 20 000 personnes aujourd’hui. Ce sont 100 000 emplois qui sont annoncés d’ici 2030. Le chargé de mission innovation confie multiplier les contacts et les échanges avec les acteurs concernés par l’hydrogène du territoire du Warndt Naborien, en Allemagne mais aussi avec l’Eurométropole de Metz. Des synergies et des partenariats restent encore à inventer.