La ville de Metz et la scène politique régionale perdent une figure marquante avec le décès de Jean-Marie Rausch, survenu ce matin. À l’âge de 94 ans, l’ancien maire de Metz et ministre d’ouverture sous la présidence de François Mitterrand laisse un héritage indélébile dans la ville de Metz, le département de la Moselle et la région Lorraine.
Sa carrière débute à Sarreguemines, sa ville natale, où il naît en 1929. Après des études à l’École française de Meunerie, il s’oriente vers l’industrie puis vers la politique. En 1971, à la suite du décès de Raymond Mondon, maire et ministre des Transports du gouvernement Chaban-Delmas, il est élu maire de Metz, une position qu’il maintient durant 37 ans, devenant ainsi l’un des maires de grande ville à la longévité de mandat des plus notables de France.
Jean-Marie Rausch a également joué un rôle significatif à l’échelle régionale, en qualité de conseiller général du canton de Metz 3, président de la région Lorraine, sénateur de la Moselle, et président de la communauté de communes de l’agglomération messine. Politiquement classé à droite, depuis le Mouvement Républicain Populaire au Centre des Démocrates Sociaux puis divers Droite, il a adhéré au groupe de l’union centriste au Sénat, marquant sa carrière par un esprit parfois franc-tireur.
Son parcours ministériel est tout aussi remarquable. Nommé ministre « d’ouverture » sous la présidence de François Mitterrand, il a occupé divers postes, dont celui de ministre du Commerce extérieur, des Postes et télécommunications, ainsi que du Commerce et de l’artisanat. Il a servi sous les gouvernements de Michel Rocard, Edith Cresson et Pierre Bérégovoy, témoignant de sa polyvalence et de son influence.
À Metz, Jean-Marie Rausch a œuvré pour la sauvegarde du patrimoine historique et la promotion de l’écologie urbaine, notamment aux côtés de Jean-Marie Pelt avec qui il a fondé l’Institut Européen d’Écologie. Il a également marqué la ville par de nombreux projets de construction et de rénovation, notamment le plan d’eau de Metz en 1974 et des quartiers tels que le Pontiffroy ou Borny. Ne pas oublier que Metz fut, sous son impulsion, la première ville câblée de France. Metz lui doit aussi, entre autre, Les Arènes, le Cescom et la prestigieuse salle de spectacle de L’Arsenal marquée par l’empreinte du grand architecte catalan Ricardo Bofill et inaugurée en 1989 par l’illustre violoncelliste Mstislav Rostropovitch.
Sa présence sur la scène politique lui a permis de participer à des événements majeurs, comme le geste historique de Verdun en 1984 et la visite du Pape Jean-Paul II à Metz en 1988. Il a également reçu plusieurs présidents français, consolidant ainsi son statut de figure incontournable.
L’un de ses legs les plus significatifs est le centre Pompidou Metz, symbole de la réhabilitation du quartier de l’amphithéâtre et de la décentralisation culturelle.
Malgré une fin de carrière marquée par des polémiques, notamment ses décisions sur le vélo et la mendicité, ainsi que des rivalités politiques au sein de la droite locale, Rausch a néanmoins continué d’influencer la politique de la cité, même après sa retraite.
La mairie de Metz rend hommage à la figure politique et à l’édile qui a marqué sa ville et sa région de manière indélébile en mettant les drapeaux en berne et en ouvrant un registre de condoléances. Jean-Marie Rausch est décédé ce vendredi 5 janvier. Il venait de perdre son épouse Bernadette il y a quelques semaines.
Témoignages
François Grosdidier, maire et président de l’Eurométropole de Metz : « Maire pendant 37 ans, Jean-Marie Rausch a incarné la Ville de Metz et s’est révélé en gestionnaire rigoureux et en visionnaire exceptionnel. Nous lui devons ce que Metz est aujourd’hui : musée à ciel ouvert, ville-jardin, ville européenne, métropole qui a fait renaître son enseignement supérieur et a su anticiper, dès les Années 70 et 80, les transitions écologiques et numériques. Jean-Marie Rausch a d’abord rendu à Metz sa beauté, puis il lui a fait prendre le virage du 21ème siècle. : il a ravivé son patrimoine architectural et naturel, créé l’Institut Européen d’Écologie avec Jean-Marie Pelt, aménagé dans le Technopole et investi dans les nouvelles technologies de la communication et de l’information. Il y a développé l’enseignement supérieur et a fait rayonner ses institutions culturelles, confortant les anciennes et imaginant de nouvelles comme l’Arsenal et le Centre Pompidou-Metz.» Et de rappeler : « Démocrate-chrétien et européen, il se caractérisait d’abord par son indépendance d’esprit, sa force de caractère et une volonté toujours animée par l’intérêt premier de Metz. »
Dominique Gros, socialiste, a succédé à Jean-Marie Rausch en 2008. Maire de Metz jusqu’en 2020, il exprime son respect pour son rival politique sur le site de France Bleu Lorraine Nord en reconnaissant l’impact significatif de ce dernier sur la transformation de la ville, mettant en lumière l’établissement du centre Pompidou-Metz comme une réalisation notable. « C’était le flair de Rausch d’aller chercher des occasions comme celle-là pour décaler l’image de Metz et la mettre de plein pied dans la modernité« . L’éternel adversaire politique de Jean-Marie Rausch relativise désormais : « J’ai eu le sentiment d’infléchir une politique, mais en même temps de la continuer« .
Patrick Weiten, président du Département de la Moselle : « Je salue avec respect ce Mosellan avec qui j’avais une réelle proximité, qui aura présidé l’Association des maires de Moselle de 1967 à 2005 avec force et un profond attachement pour notre département et pour la Lorraine. Ce fût un homme enraciné à notre territoire, qu’il a inlassablement servi avec rigueur et de main de maître. Partout, cet homme de combat a apporté sa contribution avec respect des autres mais sans jamais faillir à la profondeur de ses convictions et de ses engagements. Homme de dialogue, il a su porter une vision nouvelle, tournée vers l’écologique urbaine avec Jean-Marie Pelt. «
Le maire de Thionville, Pierre Cuny rend hommage sur son profil Facebook à « un grand homme politique lorrain… Maire bâtisseur et visionnaire, Jean-Marie Rausch a transformé Metz « .
André Rossinot, qui a été maire de Nancy de 1983 à 2014, rend hommage à un homme qu’il considérait comme « un ami personnel« . Il exprime son émotion en affirmant que « c’est une page qui se tourne pour la Lorraine. » Les deux ex-élus, entretenant régulièrement des contacts, ont partagé un déjeuner ensemble en juillet dernier. André Rossinot souligne les contributions de son ami à la ville de Metz et à la Lorraine, en reconnaissant que, malgré quelques divergences sur des dossiers importants, ils trouvaient toujours un terrain d’entente.
Mathieu Klein, maire de Nancy et président du Grand Nancy salue sur X (anciennement Twitter) un homme « qui aura marqué Metz et la Lorraine de son empreinte ».