Il y a 40 ans, fin décembre 1981, le Messin Philippe Marconi partait de Metz pour rejoindre le départ du Rallye Paris-Dakar le 1er janvier 1982 au guidon de sa Yamaha XT 500. Il avait alors 21 ans et était le plus jeune concurrent de l’épreuve.
Comment vous êtes-vous retrouvé sur la ligne de départ du Dakar 82 ?
Le Républicain Lorrain et Le Crédit Mutuel avait organisé une opération intitulée Trois jeunes dans l’aventure, afin de monter une petite équipe de 3 motards. Ils s’attendaient d’ailleurs à recevoir une vingtaine de candidatures, ils en avaient reçu 250. Nous avons donc passé différentes épreuves et j’ai réussi à me hisser parmi le trio, avec François Cornevaux et Jean-François Colin. Je faisais alors du moto-cross et je voulais absolument faire partie de cette aventure. J’étais fier aussi de pouvoir m’inscrire dans une tradition familiale, mon père, mon oncle et mon grand-père étant eux aussi, pilotes de moto.
François Cornevaux a réussi à se classer (il a terminé 20e) mais Jean-François Colin et vous avez dû abandonner. Racontez-nous.
À environ 300 kilomètres de l’arrivée, Jean-François a fait une mauvaise chute et le moteur de ma Yamaha XT 500 a cassé. C’est notamment lié au fait que le camion ravitaillement avait eu un gros accident et j’ai dû utiliser de l’essence qui était de mauvaise qualité. Avec Jean-François, nous avons alors tenté de rejoindre Dakar en train de marchandises depuis Bamako. Mais le train est à son tour tombé en panne. Comme sa moto fonctionnait encore, nous avons donc décidé de relier les deux motos avec un bout de ficelle et de rejoindre l’arrivée comme ça, en se tractant. Il était important pour tous les deux d’aller jusqu’au bout. Sur les 130 concurrents moto (de mémoire), je crois que seuls 30 pilotes ont été classés cette année-là.
Quels souvenirs conservez-vous de cette aventure ?
C’était l’aventure totale. Nous n’avions pas de GPS, pas de balises. Ce qui est incroyable, c’est que 40 ans après, tous mes souvenirs sont intacts. Je me souviens de mes émotions en découvrant le désert et le continent africain, des rencontres, des anecdotes… J’ai vécu tout cela avec beaucoup d’intensité. Je me souviens aussi très bien de notre traversée de la France. C’était de la folie. Des centaines de milliers de personnes nous attendaient le long des routes, de jour comme de nuit.
Le Dakar 82 a été marqué par la disparition, pendant plusieurs jours, de Mark Thatcher, le fils de Margaret Thatcher, alors Première ministre du Royaume-Uni.
Je me souviens de lui. Et cela d’autant plus que nous l’avons croisé juste avant qu’il ne disparaisse. Tout comme lui, nous cherchions notre route et quand nous l’avons vu partir dans le sens opposé au nôtre, on lui a fait de grands signes pour qu’il fasse demi-tour. Il a préféré ne pas nous écouter, visiblement il a eu tort.
Avez-vous le sentiment que cette expérience vous a aidé dans votre vie personnelle ou professionnelle ?
Cela m’a appris à me débrouiller, à tomber et surtout à me relever, à me calmer aussi. Après ma première grosse chute, je me suis qu’il valait mieux pour moi ralentir un peu si je voulais aller au bout. C’est une école de la vie.
Avez-vous eu l’opportunité de participer à nouveau à l’épreuve ?
Non la vie en a décidé autrement. En revanche, je suis retourné à plusieurs reprises dans le désert, pour le plaisir.
Êtes-vous toujours passionné par le Dakar ?
La course est aujourd’hui très différente de celle que j’ai connue, c’est certain mais elle continue effectivement de me passionner. Je suis l’épreuve tous les ans. J’ai récemment envoyé un petit mot à Philippe Cavélius (pilote messin qui en est à son 9e Dakar) pour l’encourager. Malgré toutes les technologies, cela reste une aventure.