Le préfixe de son prénom est dérivé du latin Aurum qui signifie « or », et cela ne relève certainement pas du hasard. Auriana Lazraq-Khlass, pentathlète de l’Athlétisme Metz Métropole a la gagne chevillée au corps depuis le plus jeune âge. Portrait d’une femme solaire qui a ébloui les derniers Mondiaux d’athlétisme.
Elle est apparue tel un rayon de soleil le samedi 19 août dernier sur l’Emzeti Atlétikai Központ, le stade olympique de Budapest (Hongrie). Prête à illuminer le ciel de l’heptathlon français. Ce jour-là, Auriana Lazraq-Khlass, 24 ans, a rendez-vous avec le gratin de sa discipline alors que son nom ne figurait pas sur la liste des festivités encore deux semaines auparavant : « Ma participation à cette compétition était totalement inattendue. Gaetan Bloin de la Fédération m’appelle pour m’annoncer la bonne nouvelle alors que je suis à la campagne en train de me relaxer. » En apprenant cet acte fondateur d’une carrière de sportive de haut-niveau, les larmes s’échappent. La native de Pithiviers, messine d’adoption, reprend vite son large sourire qui le caractérise. Le jour-J, elle « emmagasine de l’expérience puissance 1 000 en étant dans l’instant présent ». L’étudiante en diététique savoure cette « chance inouïe » qui se présente à elle : « C’était mon moment ! »
Car avant de se mêler à la lutte avec la Britannique Katarina Johnson-Thompson et consœurs, « ALK » a cravaché aux entraînements pour approcher ce rêve d’être un jour la plus forte de sa discipline qui mêle 100 mètres haies, 200 mètres, 800 mètres, hauteur, longueur, poids et javelot. Tout a commencé à l’âge de 5 ans. Alors qu’elle est en vacances chez sa tante, elle se prend de passion pour l’athlétisme en visionnant les Jeux Olympiques d’Athènes 2004 : « Plus que le sport, c’est l’univers des Jeux qui m’ont parlé. Quand je suis rentré chez ma mère, je lui ai dit que je voulais y aller quand je serai grande. Elle a écouté mon désir en m’inscrivant à l’Athlétisme Metz Métropole. » Dans un premier temps, le sport se mue, pour elle, en une échappatoire. Les brimades subies à l’école sont reléguées au rang des oubliettes lorsqu’elle foule le tartan. La jeune Auriana se montre alors capable de ressentir de bonnes sensations sur toutes les épreuves auxquelles elle est confrontée. C’est en catégorie cadette qu’elle choisit d’emprunter la voie de l’« hepta » ressentant une « totale symbiose » avec cette discipline où « il y a toujours des trucs à aller chercher ».
Au quotidien, elle court après le geste parfait et concède une vérité implacable : « Le fait qu’on ne l’atteindra jamais nous fait retourner à l’en-traînement. » Entourée d’autres athlètes, qui sont devenus depuis des amis, et guidée par Julien Choffart, le technicien qui la façonne depuis des années (voir interview ci-dessous), l’actuelle vice-championne de France et douzième des derniers championnats du monde reprend en ce début de mois de novembre un nouvel exercice. Sur la page blanche, celle qui aime s’évader en dessinant, a crayonné d’un trait appuyé l’objectif de 2024 par lequel elle se sent guidée : les Jeux Olympiques. C’est toujours avec un rire communicatif qu’elle affiche son but entremêlé à son rêve le plus cher : « Je souhaite décrocher une médaille olympique mais je n’ai pas la prétention de choisir l’or. Je ne dis pas le métal, on ne sait jamais. De base, aller aux JO qui est une compétition idyllique pour moi représente l’aboutissement d’une carrière. Je compte en faire 3 en tout ! »
Julien Choffart : » Les gens qui conçoivent l’athlé comme une pratique individuelle n’ont pas compris notre sport ! «
Qu’est-ce qu’un bon coach ?
C’est un savant mélange entre le fait de mettre beaucoup d’humanité et de rigueur. Il faut aussi avoir des certitudes et en même temps avoir une grosse capacité à se remettre en question. Il est primordial d’être passionné et de maîtriser les connaissances techniques. Pour moi, la dynamique de groupe prime. Nous devons faire tout le temps nos preuves et cela nous donne de la pugnacité.
Qu’est-ce que vous procure le fait d’avoir sous vos ordres une athlète comme Auriana ?
Elle est l’image de la résilience. Elle a enchaîné pas mal de pépins de son fait ou du fait des structures dans lesquelles elle a navigué. Elle a su se construire par rapport à des évènements qui en auraient arrêtés plus d’un. Espérons qu’on n’en aura plus besoin. Elle est l’expression de ma personnalité.
Quelle est la politique sportive de l’A2M ?
Nous voulons de l’athlétisme total avec une grosse balance entre la formation et la compétition qui est très importante. Nous développons les bons comportements grâce à des valeurs telles que le travail et le soutien des uns aux autres. Les gens qui conçoivent l’athlé comme une pratique individuelle n’ont pas compris notre sport !
En 2024, vous vous voyez où ?
En août, je me vois à Paris avec Auriana et Pauline (Lett). Mais avant cela, j’espère être au Pérou en juillet au championnat du monde juniors au côté de Sami Laouida Baba. Et sinon, comme d’habitude, je serai à partir du 15 avril sur les stades…