Le Club de la Presse et de la Communication Metz Lorraine est à l’initiative de la projection d’Idées de génie, le jeudi 26 octobre à 20h au cinéma « Le Klub », partenaire de l’évènement. Le réalisateur Brice Gravelle sera présent pour un débat après le visionnage de son documentaire qui suit au quotidien Philippe Ginestet, dirigeant de l’enseigne de distribution Gifi, un grand patron français à la personnalité détonante.
Votre parcours a commencé par des études en journalisme à l’Institut d’Études Politiques de Toulouse, puis vous avez obtenu un master de réalisation de documentaires à Bordeaux. Comment ces formations ont-elles influencé votre approche de la réalisation de ce long-métrage ?
Je m’intéressais pas mal aux questions économiques. Je voulais réaliser un film sur le management par le bonheur qui est devenu en vogue vers les années 2000, C’est en me renseignant que je suis tombé sur ce que faisait Phillipe Genest. On a tellement halluciné de voir des employés chanter avec leur patron et de découvrir un vrai personnage de cinéma qu’on lui a proposé un film et il a dit oui avec enthousiasme.
Comment est né le projet de ce documentaire Idées de génie ?
La question du mangement m’intéresse. J’ai travaillé en tant que magasinier chez Chronodrive lorsque j’étais étudiant et j’avais constaté que les mois où l’on faisait des bons chiffres, c’était plus une soirée pizza en récompense qu’une augmentation de salaires. J’ai voulu dès lors comprendre les stratégies patronales pour comprendre comment ils faisaient pour manœuvrer sans augmenter leurs employés.
Y a-t-il eu un événement déclencheur ou une curiosité particulière pour Philippe Ginestet ?
C’est son côté paternaliste qui m’a donné envie de creuser pour voir ce qu’il y avait derrière ce personnage !
Philippe Ginestet est décrit comme un self-made man à l’américaine, mais avec une approche très française. Comment avez-vous évoqué cette dualité dans votre film ?
Il a son côté self-made man, parti de rien et désormais milliardaire. En revanche, il fait partie de l’exception car il n’est pas héritier, mais en même temps il appartient à la classe patronale. Ginestet est un capitaliste assumé à la recherche du profit. Le paradoxe est intéressant lorsqu’on observe sa très grande proximité avec les employés qu’il récompense et à côté de cela ses pratiques du capitalisme.
Votre film donne aux spectateurs un aperçu des méthodes de management atypiques de Monsieur Ginestet, telles que les séminaires de motivation à Megève ou les tournois de poker entre employés. Comment les employés réagissent-ils à ces méthodes ?
Il y a ceux qui jouent le jeu lors de ces séminaires. Ils y trouvent une certaine satisfaction car ils ne pourraient jamais se payer tout ce luxe avec leurs salaires. Mais il y a ceux qui trouvent que cela va trop loin et estiment qu’il faut une frontière entre la vie pro et la vie familiale. C’est assez assumé dans la culture d’entreprise de GIFI.
Comment avez-vous réussi à obtenir un accès aussi intime et exclusif à l’univers de ce grand patron, où habituellement les caméras ne sont pas autorisées ?
Ce qui était étonnant, c’est que c’était plutôt l’inverse. Il nous a ouvert ses portes. Il aime bien cultiver son côté autodidacte. Il est l’inverse de beaucoup de grands patrons. Il a un côté « j’assume tout » pour donner envie à d’autres jeunes de le prendre comme modèle.
L’expérience de travailler comme archiviste pour le documentaire Howard Zinn, une histoire populaire américaine a-t-elle influencé d’une manière ou d’une autre la réalisation d‘Idées de génie ?
Plus que ce travail d’archiviste, je suis également membre des Mutins de Pangée depuis 10 ans. Je suis dans cette coopérative qui très accès sur les documentaires engagés, qui mettent en avant la lutte sociale, la lutte des classes. C’est donc l’univers dans lequel je baigne qui a aiguisé ma curiosité sur le management du patronat.
Après cette immersion auprès de Philippe Ginestet et la réalisation d’Idées de génie, y a-t-il d’autres figures ou thèmes que vous souhaitez explorer dans vos futurs projets cinématographiques ?
Pour l’instant, je suis concentré sur la tournée. La question concernant le pouvoir économique du capitalisme est intéressante sachant que ce n’est jamais facile d’approcher de grands patrons. Les questions soulevées par le film pourraient m’emmener vers de nouveaux projets de film ou radio…
Idées de génie, documentaire de Brice Gravelle, le jeudi 26 octobre à 20h au cinéma « Le Klub » à Metz