Né à Metz, le cinéaste Jean-Marie Straub est décédé le 20 novembre à l’âge de 89 ans, en Suisse où il résidait.
Jean-Marie Straub était un cinéaste très engagé, l’auteur d’une œuvre exigeante et très poétique, dans le cadre du duo (parfois appelé Les Straub) qu’il formait avec son épouse Danièle Huillet, décédée en 2006. C’est à Metz où il est né le 8 janvier 1933, qu’il a commencé, très tôt, à s’intéresser au cinéma en regardant des films et en assistant aux tournages d’Astruc, Bresson, Gance et Renoir. Dans les années 50, il anime alors des ciné-clubs. À l’issue de ses études universitaire, il monte à Paris en 1954 où il côtoie plusieurs futurs auteurs de la Nouvelle Vague. Mais il ne s’attarde pas. Déserteur, il quitte la France durant la guerre d’Algérie pour trouver refuge en Allemagne. C’est là-bas qu’il passe à la réalisation, en 1963, avec Machorka-Muff et qu’il devient l’une des figures du Nouveau cinéma allemand. Il s’impose par un style dépouillé, une mise en scène exigeante et une écriture tendue. « Dans leur vision exigeante de la création cinématographique, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet ont élaboré une œuvre foncièrement moderne et à nulle autre pareille. La pureté des cadres, des sons et des textes a imposé une nouvelle manière de faire du cinéma, au plus près de la sincérité du discours et de la forme », explique Frédéric Maire, le directeur de la Cinémathèque suisse, sur le site internet de l’organisation. Après Machorka-Muff, le couple enchaîne les courts et les longs métrages. Chronique d’Anna-Magdalena Bach (1967), Trop tôt, trop tard (1980), Amerika, rapports de classe (1984), Kommunisten (2014), La France contre les Robots (2020) qui sera l’ultime film du réalisateur. Aucun des films (soit une cinquantaine) du duo n’a touché le grand public. Les critiques ont aussi été souvent « éreintantes » mais d’aucuns considèrent également Jean-Marie Straub et Danièle Huillet comme des cinéastes majeurs de la seconde moitié du 20e siècle.