Icône humaniste et féministe, partisane d’une Europe pacifiée, Simone Veil devient l’héroïne du nouveau film biographique d’Olivier Dahan, Simone, le voyage du siècle. Une épopée émouvante et passionnante dont les problématiques résonnent encore aujourd’hui.
Elle est née le 13 juillet 1927 ; elle est décédée le 30 juin 2017. Quatre-vingt-dix ans séparent ces deux dates, soit près d’un siècle d’une extraordinaire existence à laquelle rend hommage Olivier Dahan. Ce n’est pas la première fois que le cinéaste s’intéresse au destin de grandes figures féminines : on lui doit déjà La Môme (2007), retraçant l’histoire d’Édith Piaf, ou plus récemment Grace de Monaco (2014) avec Nicole Kidman dans le rôle de la célèbre star de cinéma. Dans Simone, le voyage du siècle, c’est une femme d’État française emblématique qui est mise en lumière, à savoir nulle autre que Simone Veil. Entrée au Panthéon en 2018, elle fait partie des cinq femmes qui y sont inhumées pour leur propre mérite. Le long-métrage s’attache à dépeindre avec justesse et émotion les différents combats menés par cette figure historique, dont la plupart restent on ne peut plus d’actualité. Son fait d’arme le plus célèbre demeure, bien entendu, la loi de 1975 portant son nom, et dépénalisant l’avortement en France. Mais Simone Veil, c’est aussi la première femme élue Présidente du Parlement européen ; c’est également celle qui s’oppose aux militants d’extrême-droite venus perturber l’un de ses meetings, en leur assénant : « Vous ne me faites pas peur, j’ai survécu à pire que vous ! ». Et pour cause : issue d’une famille juive d’origine lorraine, elle est elle-même une rescapée de l’horreur nazie et d’Auschwitz, aux côtés de ses deux sœurs. Ses parents et son frère y laisseront leur vie. À l’écran, deux actrices se glissent dans la peau de l’ancienne ministre : la jeune Simone, qui traverse les camps de la mort avant de devenir magistrate, est interprétée par Rebecca Marder, tandis que sa version plus âgée est campée par Elsa Zylberstein, métamorphosée pour l’occasion. Le portrait signée Olivier Dahan est certes intimiste, mais il porte en lui une volonté : celle de faire honneur aux différentes causes au cœur des luttes de Simone Veil, de la reconstruction de l’Europe au sortir de la Seconde Guerre mondiale aux droits fondamentaux concernant la santé féminine.