Pour un développement cohérent de la métropole transfrontalière du Luxembourg* dans la Grande Région. C’est le titre d’un document élaboré par le CES (Conseil Économique et Social) du Luxembourg qui s’accompagne de recommandations visant à assurer l’avenir de ce territoire qui s’étire jusqu’à Metz. La question du télétravail est évoquée.
Le développement du télétravail à plus grande échelle représente des opportunités mais s’accompagne également de risques bien spécifiques pour les différents territoires de la métropole transfrontalière du Luxembourg.
Pour le Grand-duché, le travail à distance c’est avant tout une question d’attractivité. « Alors que le pays cherche à attirer ‘les mêmes’ talents que d’autres métropoles européennes (et que le télétravail pourrait être un argument à faire valoir à l’avenir), il ne bénéficiera pas pour autant des mêmes facilités de déploiement du télétravail que ces dernières, ce qui pourrait peser sur son attractivité », explique le CES. Comprendre que les frontières entre le lieu de travail et le domicile de près d’un salarié sur deux, sont un frein au travail à distance qui sera plus difficile à faire évoluer. Avec le télétravail, le Luxembourg peut aussi espérer atténuer certains effets liés à la saturation, comme la pression foncière, immobilière et salariale. Mais il est vrai, également, que cela engendrerait une perte d’activité pour le commerce et l’hôtellerie-restauration. Dans une étude de 2020, le CES évoquait une perte annuelle de chiffre d’affaires de 350 millions d’euros, pour un seul jour de télétravail par semaine, compte tenu de la baisse de la consommation des salariés frontaliers. S’y ajoutent encore des pertes fiscales liées à la moindre activité relative et à un éventuel dépassement des « seuils » fiscaux par les télétravailleurs frontaliers.
Pour les régions voisines, « le déploiement du télétravail permettrait des regains d’activité dans ces mêmes services (commerces) ainsi que des retombées fiscales indirectes, mais l’attractivité des emplois luxembourgeois pour les actifs locaux génèrera une concurrence aux entreprises locales dans un contexte d’offre de travail déjà relativement tendue et de cotisations sociales luxembourgeoises plus attractives », écrit le CES. Pour l’ensemble de la métropole transfrontalière, une généralisation des facilités de télétravail permettra une baisse relative de la pression sur la mobilité et une amélioration de la qualité de vie globale sur le territoire, mais elle pourrait aussi faire apparaître de nouveaux segments de concurrence avec des territoires potentiellement plus attractifs.
Compte tenu de ces diverses réalités, le CES fait deux préconisations. Il recommande de développer des centres de télétravail pilotes dans les régions frontalières du Luxembourg, en plus des projets de centres à l’intérieur des frontières du pays. Il invite aussi à améliorer le cadre juridique et fiscal pour le télétravail transfrontalier. « Une des possibilités serait une approche proactive du gouvernement (luxembourgeois) lors des négociations visant à réviser les seuils fiscaux à la hausse en proposant en contrepartie un mécanisme de financement de projets dans la région et dont bénéficierait l’ensemble du territoire transfrontalier. Ce mécanisme pourrait, le cas échéant, abonder directement des fonds bilatéraux dédiés à la coopération transfrontalière », souligne le CES.
Le document qui aborde de nombreux sujets (aménagement de zones d’activités transfrontalières, renforcement des formations communes, mobilité, pôle logistique franco-luxembourgeois) et s’accompagne de 23 préconisations, est disponible en ligne : ces.public.lu
* La métropole transfrontalière du Luxembourg comprend le Luxembourg et un espace d’une quarantaine de kilomètres au-delà de ses frontières et même un peu plus en France, compte tenu du nombre important de frontaliers vivant sur le territoire messin.