Pour favoriser les déplacements en train des frontaliers, les collectivités locales portent un projet de RER entre Metz et Luxembourg. Il pourrait entrer en service en 2028.
Des TER en retard ou supprimés. Des trains bondés… Bon nombre de frontaliers usagers du TER entre Metz et Luxembourg ne manquent pas de s’exprimer sur les réseaux sociaux pour dire toute leur exaspération. Bref, c’est le cirque depuis un petit moment déjà. Pour combien de temps encore ? Pour les prochains mois, c’est certain. Du côté luxembourgeois, la gare de Luxembourg est en pleine réorganisation ce qui n’est pas sans occasionner des perturbations récurrentes qui vont monter d’un cran durant l’été (voir ci-contre). Du côté français, la SNCF doit visiblement composer avec un manque de personnel qui implique, selon les syndicats, de revoir l’attractivité des métiers proposés ainsi qu’avec du matériel roulant qui, s’il est aujourd’hui équipé du fameux système européen de sécurité ERTMS, est vieillissant et, par conséquent, fragile. Depuis le début du mois de janvier, le trafic des TER a été réduit de 15 % concède la SNCF. La Région Grand Est qui est compétente sur le transport régional, n’est pas satisfaite et l’a fait savoir via son président Jean Rottner.
Plus de trains, plus de rames
Au registre des « lueurs d’espoir », il y a l’embellie annoncée pour 2028, la Région évoquant la création d’un «véritable RER entre Metz et Luxembourg » (ou d’un REM – Réseau Express Métropolitain), à l’issue du Grenelle des mobilités en Lorraine. Un projet qui fédère les élus lorrains concernés, notamment François Grosdidier, le président de l’Eurométropole de Metz. D’ici à 2024, « la capacité de transport de la ligne Metz-Thionville-Luxembourg sera fortement augmentée, passant ainsi de 9 000 places assises/heure en pointe à plus de 1 000 (+44 %) », précise la collectivité. Pour ce faire, il est prévu d’augmenter les rames et remplacer les TER « classiques » par des TER à étage. 16 rames équipées aux normes ERTMS sont annoncées. Dans différentes gares, il est également prévu des allongements de quais permettant le recours à des rames plus longues. La seconde étape, à horizon 2028-2030, permettra d’augmenter la fréquence de circulation durant les heures de pointe et de proposer aux usagers une offre comparable à celle d’un RER. Un train toutes les 10 minutes entre Metz et le Luxembourg. Un train toutes les 7 min 30s entre Thionville et le Luxembourg (en sachant que le nombre de frontaliers devrait aussi continuer à augmenter). Reste tout de même à convaincre des partenaires financiers, la SNCF et l’État, notamment, pour boucler le financement. Et à faire en sorte que les gares se métamorphosent en de véritables petits hubs de mobilité intermodale.
En attendant, il faudra donc croiser les doigts pour que la SNCF trouve effectivement « des solutions » pour gagner en efficience. En juin, cela devrait aller mieux, assure-t-elle à qui veut l’entendre. Quotidiennement, ce seraient environ 12 000 frontaliers lorrains qui utilisent le train pour se rendre au Grand-duché, sur la ligne Nancy-Metz-Luxembourg.
Pas de train une partie de l’été
Les Chemins de Fer Luxembourgeois (CFL) ont tout récemment dévoilé le calendrier des perturbations à venir jusqu’à la fin de l’année. Et force est d’avouer que les usagers du TER vont devoir « composer » une partie de l’été, tout particulièrement. Du 16 juillet au 7 août prochain, il n’y aura pas de trains entre la gare de Luxembourg et Bettembourg sur la ligne L60 et sur la ligne 70 (Luxembourg-Bettembourg-Thionville-Metz). Des mesures de substitutions sont annoncées mais les CFL invitent déjà les usagers à s’informer au préalable pour bien s’assurer qu’ils pourront circuler. L’autre solution pour éviter les désagréments est de viser juste en posant ses congés au bon moment. À noter que bien d’autres lignes « nationales » seront aussi perturbées. Le calendrier est disponible en ligne : cfl.lu
Le monorail, L’idée à creuser ?
Pour assurer des déplacements à la fois rapides, sûrs et respectueux de l’environnement entre Metz et Luxembourg, pourquoi ne pas créer un monorail aérien ? Cédric Gouth, le maire de Woippy et Président de l’agence Inspire Metz a évoqué un tel projet, il y a deux ans. Sur le plan technologique, le monorail approprié est déjà une réalité, de nombreux modèles circulant dans plusieurs pays comme en Chine, par exemple. Ensuite, il est possible de l’installer sur la partie centrale de l’A 31, compte tenu de la faible emprise au sol d’un tel équipement. Le monorail pris en exemple par Cédric Gouth, le Skyrail du groupe BYD, est également doté d’une technologie tout électrique n’émettant aucune émission de CO2. En ce qui concerne sa capacité, selon les configurations et le nombre de rames, il serait possible de transporter de 10 000 à 30 000 voyageurs, par heure. Innovant, le monorail ne manque pas d’arguments. En ce qui concerne le coût d’un tel projet, il s’élève à plusieurs centaines de millions d’euros, en fonction du modèle sélectionné, du nombre de stations à réaliser, du nombre de rames… La somme de 600 millions d’euros a été évoquée. « C’est un investissement important mais bien moindre que celui à engager pour construire des kilomètres d’autoroute. Il pourrait être financé par l’État, la Région et peut-être même au niveau européen. Nos voisins luxembourgeois pourraient aussi participer à son financement », précisait Cédric Gouth, dans le magazine L’Estrade, en août 2019. Depuis ? La crise sanitaire est passée par là et le projet n’a plus guère fait parler de lui. Mais il n’a pas non plus été enterré. Différents élus ont d’ailleurs confirmé être favorables à ce qu’une étude soit lancée afin de dire si ce monorail est une « plaisanterie » comme l’avancent certains de ses détracteurs ou, au contraire, une idée géniale. Ce serait effectivement bien de le savoir d’autant plus qu’un tel monorail pourrait être opérationnel en moins de 3 ans, selon les dires du constructeur du Skyrail.