Conçu pour célébrer le bicentenaire de la mort de l’Empereur en 2021, Requiem pour Napoléon couple la Messe pour le Sacre de Napoléon de Paisiello avec une version inédite du Requiem de Mozart.
En résidence à l’Arsenal depuis quelques années, Julien Chauvin et Le Concert de la Loge nous ont habitués aux relectures de répertoires peu connus des XVIIIe et XIXe siècles au plus près de leur contexte historique. Requiem pour Napoléon n’y fait pas exception. Dans ce programme co-produit avec le Palazzetto Bru Zane, le chef a associé deux pièces données en décembre 1804, l’une pour le sacre de Napoléon 1er, l’autre pour le peuple de Paris presque trois semaines plus tard dans le cadre des festivités du sacre.
Redécouverte dans les années 60, la Messe pour le Sacre de Napoléon de Giovanni Paisiello demeure une rareté. Plus connu pour ses opéras buffa, le napolitain à la carrière européenne avait les faveurs de Bonaparte qui l’avait remarqué lors de la campagne d’Italie et l’avait fait venir à la cour consulaire comme Directeur de la Chapelle des Tuileries.
Toute en contrastes, l’œuvre est en mode majeur, exprimant la joie des festivités. À la pompe grandiloquente souvent de mise dans ce type d’événement, Paisiello préfère la légèreté et la virtuosité sans omettre toutefois la solennité de l’instant. Dans cette suite de pièces enlevées d’un lumineux classicisme alternent majesté des parties chorales et flamboyance des passages solistes.
Portée par 300 interprètes répartis dans les transepts créant un effet stéréophonique inédit pour l’époque, la partition jouait avec le temps de résonance très long de Notre-Dame.
Réduit, l’effectif réuni autour de Julien Chauvin reste imposant avec l’orchestre du Concert de la Loge et le Chœur de chambre de Namur qui accompagnent 5 voix solistes, 2 sopranos se partageant les solos : Chantal Santon et Sandrine Piau qui ravit régulièrement le public de l’Arsenal. Quant au Requiem de Mozart, il est proposé tel qu’il avait été joué pour la première fois en France ce 21 décembre 1804. La version de ce Requiem n’est pas exactement celle “composée” par Mozart. Elle diffère de celle habituellement donnée de nos jours tant dans la durée, plus courte, que dans l’enchaînement des pièces et l’absence de certaines – l’Introït est d’ailleurs de Niccolò Jommelli. Des petits arrangements fréquents pendant tout le Premier Empire et la Restauration. Il est restitué aujourd’hui avec théâtralité, Chauvin privilégiant les tempi énergiques qui insufflent sa vitalité à cet office des morts. Un jeu de contrastes, comme le choix d’un requiem pour fêter un sacre. C.P.
Le jeudi 3 février à 20h
Grande Salle de l’Arsenal de Metz