La reconversion de la centrale à charbon Émile-Huchet de Saint-Avold se précise. Après l’annonce du ministre de l’Économie, Éric Lombard, le projet de conversion vers le gaz naturel et le biogaz a été inscrit à l’agenda du Sénat. Une avancée majeure saluée par les élus locaux et les acteurs du secteur énergétique.
Cette transformation, qui représente un tournant stratégique pour la Moselle et la région Grand Est, a bénéficié d’un large soutien politique. Patrick Weiten, président du Conseil départemental de la Moselle, salue une « avancée décisive pour assurer la transition énergétique du site et préserver les emplois locaux ». Il insiste sur l’importance d’une action collective : « Ce projet est le fruit d’une mobilisation unanime des élus et des parlementaires mosellans ».
Même satisfaction du côté de la Région Grand Est. Son président, Franck Leroy, met en avant « l’unité des sénateurs mosellans » et appelle le Sénat à aller au bout du processus législatif. « Je reste mobilisé pour donner à nos concitoyens les gages d’une transition énergétique réussie », affirme-t-il.
Un enjeu économique et social
Au cœur de cette reconversion, le maintien de l’emploi reste une priorité. Interrogée par nos confrères d’Ici Lorraine, Camille Jaffrelo, directrice de cabinet et de la communication de GazelEnergie, rassure : « On va maintenir nos emplois, c’est évident ». Selon elle, les engagements pris vis-à-vis des salariés seront respectés et les contrats de travail déjà prolongés jusqu’à l’été 2025.
Cette transition doit aussi permettre à la centrale de retrouver une nouvelle dynamique industrielle. « On a un projet soutenu sur l’ensemble des bancs des deux assemblées », souligne Camille Jaffrelo, convaincue que « cette reconversion permettra de sauver les emplois du site ».
Vers une centrale plus verte d’ici 2027
Si le processus a été long et semé d’embûches, tous les acteurs s’accordent à dire que le projet est aujourd’hui sur de bons rails. « Il a fallu convaincre tout le monde, mais ça y est, c’est fait ! », se félicite Camille Jaffrelo. Selon le calendrier annoncé, la nouvelle production d’électricité fonctionnant au biogaz devrait être opérationnelle en 2027.
La Moselle, autrefois terre du charbon, pourrait ainsi devenir un modèle de transition énergétique et industrielle. Une évolution que les élus locaux entendent bien accompagner jusqu’au bout.
Des projets innovants pour une réindustrialisation décarbonée
GazelEnergie ne se limite pas à la conversion de la centrale au biogaz. L’entreprise envisage également de transformer le site en une éco-plateforme industrielle dédiée à la production d’énergies renouvelables. Parmi les projets phares :
La production d’hydrogène vert : le projet « Emil’Hy » vise à implanter une unité de production d’hydrogène renouvelable à grande échelle sur le site. Cet hydrogène serait produit par électrolyse de l’eau, alimentée par de l’électricité renouvelable et pourrait être utilisé par les industries locales ou pour des applications de mobilité lourde.
Une chaufferie bois énergie : Une chaufferie alimentée en bois énergie est prévue pour fournir de la chaleur renouvelable aux industriels de la plateforme chimique de Carling Saint-Avold. Ce projet permettrait de décarboner les processus industriels locaux en substituant les énergies fossiles par une source renouvelable.
Du stockage d’électricité sur batteries : GazelEnergie prévoit d’installer un système de stockage d’électricité sur batteries d’une puissance de 35 MW, capable de fournir 50 MWh. Ce dispositif contribuerait à équilibrer la production et la consommation d’électricité, renforçant ainsi la sécurité du système électrique français.
Ces initiatives illustrent la volonté de GazelEnergie de faire du site Émile-Huchet une référence en matière de transition énergétique, en misant sur des technologies innovantes et durables.
Un cadre législatif en évolution
La conversion de la centrale nécessite des ajustements législatifs. Actuellement, les textes ne permettent pas cette transformation à droit constant. Un amendement proposé dans le cadre du projet de loi de finances a été rejeté, mais une proposition de loi transpartisane est en cours. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a assuré que le gouvernement trouvera un moment pour que cette proposition soit débattue et adoptée, afin de pérenniser l’avenir de la centrale de Saint-Avold.
Malgré les obstacles, notamment législatifs, la reconversion de la centrale Émile-Huchet est en bonne voie. Les investissements prévus, estimés à plusieurs dizaines de millions d’euros, permettront de maintenir les emplois sur le site et de contribuer à la sécurisation de l’approvisionnement en électricité de la région Grand Est, tout en réduisant significativement l’empreinte carbone de la production énergétique.