Personne ne s’en vante, pourtant tout le monde le fait. Potiner est un exercice auquel on s’adonne avec délectation. Mais d’où vient notre goût prononcé pour les ragots ?
Le commérage est défini comme un échange d’informations à propos d’une personne, généralement absente au moment de la discussion. Si la tournure se veut plutôt détendue, dérisoire, voire cocasse, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’émettre un jugement moral sur la personne concernée. Que l’on soit riche ou pauvre, célèbre ou anonyme, beau ou laid… personne n’y échappe ou presque. Pour comprendre cette disposition aux cancans, il faut remonter à quelques milliers d’années. Les hommes préhistoriques formaient des groupes restreints d’individus, où la promiscuité et la coopération entre eux étaient essentielles à la survie de chacun et du groupe, tant pour affronter les autres clans que pour se partager les faibles ressources alimentaires. Pour subsister, nos ancêtres ont inconsciemment développé une inclination nécessaire d’en apprendre un peu plus sur les autres : qui peut être le meilleur partenaire, qui est assez probe pour faire du troc, qui est fourbe ou pas, clairement qui doit être écarté du groupe ou pas… Le développement d’une forme d’intelligence sociale a ainsi favorisé la sélection naturelle des individus qui ont potiné. Et cette disposition a vagabondé dans nos gènes jusqu’à nous ! Alors, comment faire la différence entre les « bons » et les « mauvais » commérages ? Dans la catégorie du commérage positif, il y a l’acte lui-même de potiner qui peut être considéré comme une manifestation de confiance mutuelle entre les deux potiniers. De plus, afin de maintenir une cohésion sociale, il permet de connaître les règles implicites qui unissent un groupe ou une communauté culturelle. À l’opposé, le commérage devient négatif quand les propos visent à diffamer délibérément un ou plusieurs individus dans l’intérêt des jacasseurs. Dénigrer peut aussi ternir sa propre réputation, car critiquer de manière abusive ou en dissonance avec les normes du groupe peut déprécier l’image que les autres ont du cancanier.