Après le bel accueil reçu par son premier roman Tombé du ciel, Sébastien Paci a décidé d’en écrire une suite. Mieux encore, Le ciel attendra ne sera finalement que le second volet d’une trilogie tant l’auteur se plait à badiner avec les histoires et les personnages, réels ou inventés. Et donc avec le lecteur.
L’auteur prévient d’emblée : Le ciel attendra peut se lire indépendamment du précédent. Le lecteur retardataire perdra juste quelques détails mais pourra s’appuyer sur les notes de bas de page qui font référence au premier tome. Même si la majorité d’entre elles « sont là pour assoir historiquement la trame du récit » précise Sébastien Paci.
Au delà d’une écriture vive et fluide renforcée par un vocabulaire précis, qui permet de ne pas perdre pied dans les méandres du roman et ses réguliers allers-retours entre différentes périodes du passé et du présent, il serait difficile de ne pas saluer tout le travail de documentation. Les recherches ont constitué les deux tiers du temps consacré à la conception de chacun des deux livres.
S’il faut saluer cette richesse de détails, des faits historiques à la description minutieuse de l’allure des personnages, de leurs déplacements ou des lieux, l’écriture de ce qui deviendra une trilogie est née d’un long cheminement.
« J’ai tenté d’écrire cette histoire durant de nombreuses années. Mais ça ne fonctionnait pas. La période du confinement m’a permis de réorganiser tout ça. Malgré tout, je ne pensais pas publier. » Quelques encouragements puis de bons conseils pour adresser le manuscrit, et l’éditeur était trouvé. Aujourd’hui Tombé du ciel en est à sa septième réimpression !
C’est dire que ce polar qui tourne autour d’une présumée plaisanterie musicale de Mozart a pu séduire. « Tout a commencé à la lecture d’une biographie du compositeur dont la mort est restée entachée de mystère. Je me suis dit “Et si Mozart n’était pas mort en 1791 et avait continué à composer ?”. Une piste vite abandonnée. Et en lisant un article sur Rosemary Brown, cette pianiste spirite anglaise qui disait écrire sous la dictée de compositeurs morts dans les années 70, j’ai voulu mixer les deux. Ça a déclenché Tombé du ciel. Mais comme tout est basé sur des faits et personnages réels, la période préparatoire a effectivement été très longue. »
Sur cette frontière entre réalité et fiction, rendue d’autant plus plausible qu’elle s’appuie sur nombre de faux fac-similés de documents qui ponctuent les romans, Sébastien Paci confesse avoir voulu s’amuser avec le lecteur. Jusqu’à écrire, « pour mieux le tromper » les biographies de personnages inventés pour les mêler à celles des vrais en fin d’ouvrage.
Terminé en juin 2022 et toujours nourri d’éléments inconscients de la vie de l’auteur (appétence musicale, famille homoparentale, connaissance du monde des DRAC – il y est conseiller, description du Pays Haut mosellan… « autant de clins d’œils pour coller à la réalité »), Le ciel attendra reprend donc l’histoire 10 ans après la mort de Mozart… Seulement quelques semaines plus tard cependant pour la part contemporaine du récit toujours situé en 2012. « On y retrouve Anton Stadler, l’ami de Mozart, accablé par les dettes qui se souvient qu’il avait mené avec ses frères francs-maçons une plaisanterie musicale qui pourrait le sortir de ses déboires. » Et tous les critères d’un bon polar, subterfuges dignes d’un scénario de série TV à l’appui.
Les caractères des personnages contemporains y sont toutefois plus fouillés. « Je voulais au départ un livre qui se lise vite, centré sur l’histoire et élaguant la psychologie des personnages, dans la veine “hammettienne” de la Série Noire. Ici j’ai souhaité mettre les personnages dans des situations permettant de davantage les connaître. »
Tout aussi envoûtant que le premier, entre secrets, enquête et révélations, Sébastien Paci s’est également résolu à en écrire une fin ouverte, appelant à un troisième round. « Mais si les deux premiers se terminent par un happy end, même teinté de bizarre, la fin de l’ultime tome aura une veine plus sombre, plus surprenante. » On n’en dévoilera pas davantage.