De très nombreux supporters s’enthousiasment pour les Bleus. Comment expliquer l’engouement des foules pour le football ? Petit point sur la psychologie des amateurs du ballon rond…
Si le football suscite un tel engouement, c’est tout simplement parce que chacun peut se reconnaître dans ce sport. Le football valorise le travail d’équipe mais aussi la performance individuelle. Pour gagner un match, la solidarité, la judicieuse répartition des responsabilités sur le terrain et une organisation méthodique sont primordiales. De fait, le football est à l’image de la société et du monde du travail. Par ailleurs, tout comme les imprévus dans la vie, le hasard existe dans le football, le mérite ne suffit pas toujours sur le terrain pour avoir l’avantage sur l’équipe adverse. De plus, chaque rencontre apporte son lot de rebondissements, de coups de théâtre qui font de ce sport un indiscutable succès populaire.
Il y a dans le football une véritable force provoquant une exaltation émotionnelle, ce qui fait de chaque match un magnifique spectacle addictif pour les supporters. En intégrant un club, ces derniers ajoutent à leur passion pour le football, le sentiment d’appartenance à une communauté, celle d’une ville, d’une région, d’un pays. En outre, ils assimilent et assument les codes de conduite propres à leur équipe, partageant ainsi les mêmes valeurs. Avant chaque rendez-vous sportif, la pression monte : peur pour le supporter que son équipe perde, appréhension pour le joueur de ne pas être à la hauteur. Cette synchronicité émotionnelle entre supporters eux-mêmes, entre joueurs eux-mêmes puis entre joueurs et supporters forme le ciment de liens réels ou imaginaires.
Paradoxalement, la plupart des supporters ne vient pas au stade pour voir absolument son équipe gagner. Ils savent pertinemment qu’ils ont une chance sur deux d’être déçus en cas de défaite. Ce qu’ils recherchent avant tout, c’est l’ambiance du groupe, avec son cortège de règles de conduite plus permissives, là où joies et peines sont exprimées sans vergogne, où les invectives et les gestes déplacés sont tolérés, avec pour corollaire un seul danger, celui d’un dérapage vers une zone de non droit où règnent racisme et violence…
Source : Le Match de football : Ethnologie d’une passion partisane de Christian Bromberger, éditions de la Maison des Sciences de l’Homme.