ÉDITO
Fatigués, ils zappent les actualités. Ces citoyens en rupture avec les médias rallient un groupe grossissant, non parce qu’ils doutent de la qualité de l’info mais parce qu’ils s’épuisent à regarder un monde empêtré dans la violence. Nous aurions tort de les assimiler à des autruches, réputées pour se mettre la tête dans le sable. En fait, cet oiseau n’enfonce pas sa tête mais s’allonge et colle son cou au sol afin de se protéger et, « avec son excellente vue, continue d’observer les prédateurs », explique Guilhem Lesaffre, responsable d’un centre ornithologique. Il y a plutôt du chat chez ces gens-là. Ce félin, intelligent, indépendant, têtu, se laisse rarement entraîner dans le courant, il s’évade. Ce qui ne l’empêche pas d’être affectueux et très social. Nous sommes plutôt, majoritairement, des lapins pris dans les phares, figés et déstabilisés par le déferlement des lumières, des bruits et des dangers.
Cette petite fable d’un La Fontaine de pacotille pour vous conseiller, si je peux me permettre, d’être en toutes circonstances autruche, et davantage chat que lapin. Allongez-vous, ronronnez, dormez, profitez de la chaleur d’une cheminée, goûtez les plaisirs simples, soyez même un peu tapir, l’animal dit-on le plus cool du monde, ne vous tourmentez pas à l’idée de savourer l’égoïsme et d’abuser d’un cocon, d’allonger les temps à table, jusqu’au fond de l’après-midi, juste avec ceux que vous aimez. Dégagez de votre horizon et de votre agenda les cuistres, les pinailleurs, les râleurs, les faiseurs d’histoires, les aigris, les tristes, les consternés. Pensez à vous.
Vous me direz qu’on fait mieux comme message de Noël. Parce que comme dit ma mère, Noël est d’abord un message de fraternité, quoiqu’on pense, croit et prie… le ciel, dieu, les anges, la voisine de faire moins de bruit quand elle passe l’aspirateur avec les Sex Pistols.
Je ne suis ni Jean de La Fontaine ni Madame Soleil, je ne sais donc pas si le monde sera sain et sauf mais il me semble qu’il le sera avec l’engagement d’une confrérie aujourd’hui trop discrète, faite de gens joyeux et positifs. Mon histoire est banale, c’est celle du verre à moitié vide ou à moitié plein. Décrétons sans tarder l’année 2025 Année du verre à moitié plein, réclamons l’entrée du docteur Coué au Panthéon, observons mieux les milliers de succès, nés de l’audace et du courage, dans le commerce, l’industrie, la recherche ou l’enseignement, saluons les talents fous. Bref, aimons-nous les uns les autres. Je ne sais plus qui a dit cette phrase. Ce doit être ma mère.