Animateur incontournable sur les ondes de Radio Jérico – RCF Moselle (fréquence 102), Alain Duret aime valoriser le jazz et ses artisans. Le 21 octobre dernier, il célébrait la 1300e émission de La Note Bleue, entouré de ses complices Gérard et Danielle Dugelay. Portrait d’un passionné qui revendique son statut d’amateur au service de la découverte.
Le jeune retraité de l’Éducation nationale (NDLR : il enseignait les mathématiques) est de nature modeste. Si l’humilité était une musique, elle rythmerait sa petite mélodie intérieure.
Alain Duret et le jazz, c’est une histoire qui dure. Il faut remonter aux années 80 et la fin de son service militaire pour en connaître les prémices. À l’époque, l’amateur de rock – californien en particulier – a commencé à prendre ses distances avec un genre qui a tendance à ses yeux à tourner en rond. L’ancien animateur de Radio Marguerite à Metz, qui deviendra Radio Graoully avec la libéralisation des ondes, voit sa vie de mélomane basculer lors d’une soirée chez un ami. « Il a mis un disque de John Coltrane. » Le coup de foudre est immédiat. « Il y avait un message, une aspiration qui était différents… »
En 2022, celui qui a grandi à Bar-le-Duc continue d’explorer le jazz avec appétit et curiosité, « sans tomber dans la facilité », au sein d’une station de radio qu’il fréquente depuis plus de trois décennies. « Il y a sans cesse des territoires nouveaux qui s’offrent à nous. On ne manque pas de matière », se réjouit-il en prenant à témoin la programmation, déjà remplie jusqu’en mai 2023. Ce qui lui plaît par-dessus tout dans son costume d’animateur bénévole tient en deux mots : partage et découverte. Ils lui apparaissent d’autant plus précieux que le jazz a selon lui besoin de lumière et de lieux de diffusion. « C’est une musique qui mérite le détour, en particulier le jazz européen, qui est très fort », considère ce fervent partisan du spectacle vivant.
La nostalgie s’invite dans la conversation lorsqu’il évoque la période faste du jazz en Lorraine, dans les années 70-80, et plus particulièrement le rôle qu’a joué le caveau des Trinitaires de Metz pour le faire rayonner dans la région. On parle d’une époque où ce club – fondé et tenu par Pierre-Cédric Klos, à qui la radio associative rendra hommage en 2023 à l’occasion des 20 ans de sa disparition – faisait parler de lui jusqu’entre les gratte-ciels de New York. La belle époque diront les puristes.
C’est aussi dans ce lieu niché sur la colline Sainte-Croix qu’Alain Duret a vécu quelques moments inoubliables. L’un d’eux est lié au célèbre pianiste et compositeur américain Mal Waldom. « J’étais arrivé un peu en avance au concert. Soudain, je le vois apparaître dans le couloir, avec sa crinière blanche et un cigare à la bouche. On échange quelques mots, et le voilà qui m’invite à venir l’écouter pendant qu’il se prépare pour le show ! »
Parmi ses nombreux souvenirs, l’amoureux de cinéma (son autre passion) revient aussi sur la visite, dans les locaux de ce qui s’appelait alors Radio Jérico, d’un batteur américain installé en Lorraine. « Il nous avait parlé de son enfance, et notamment de ses parents qui recevaient chez eux des gens comme Charlie Parker ou John Coltrane. C’était assez impressionnant. » Plus récemment, la venue de David Linx, pour la 1300e émission de La Note Bleue, a également apporté son lot de satisfaction et de fierté. « Il s’agit sans doute d’un des plus grands chanteurs de jazz au monde. Il était là pour nous rendre hommage, par amitié. »
Un hommage apprécié à sa juste valeur par celui qui s’évertue, avec son petit cercle, à promouvoir le jazz mirabelle. « On donne la parole à des personnes qui s’investissent énormément dans ce milieu, que ce soit les musiciens, les producteurs ou encore les programmateurs de festivals et de salles. Notre rôle est autant de les soutenir que d’ouvrir l’horizon culturel des auditeurs », conclut-il.
Preuve de cet attachement au local, La Note Bleue s’apprête à lancer une série d’émissions consacrées au jazz en Lorraine. Le premier épisode, diffusé le 12 novembre à 17h, fera une plongée dans les années 70-80, en compagnie de vétérans du jazz de cette époque.
La fin du mois de novembre sera quant à elle l’occasion d’en savoir plus sur la chanteuse luxembourgeoise Sascha Ley, dont le profil singulier méritait une audience.
Rappelons qu’il est également possible d’écouter ou de réécouter des émissions de La Note Bleue grâce aux podcasts disponibles sur le site internet de Radio Jérico – RCF Moselle.