L’Eurométropole de Metz, le groupe John Cockerill et l’Usine d’Electricité de Metz (UEM) collaborent afin de développer tout un écosystème autour d’une filière hydrogène « vert ». Dès 2025, débutera la conversion des motorisations des bus et des bennes à ordures ménagères de la collectivité. Si la décarbonation du transport routier est LA priorité, d’autres bénéfices sont attendus.
La loi de transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015 (entrée en application le 13 janvier 2017), impose aux collectivités gérant des parcs composés de plus de 20 bus et cars, de renouveler 50% de leur flotte avec des véhicules à faibles émissions à partir du 1er janvier 2020, et 100% à partir du 1er janvier 2025. L’Eurométropole de Metz entre dans ce cadre et doit donc prendre, dès à présent, des mesures afin de réduire l’impact de son parc de véhicules et de se libérer de sa dépendance aux énergies fossiles. Et cela tout en s’attachant dans le même temps à enrichir son offre en matière de transport public puisque ce dernier participe aussi à réduire la pollution et autres gaz à effet de serre.
L’équation n’est pas simple. Pour répondre à ces multiples exigences, la collectivité a choisi de se montrer offensive avec pour ambition de faire d’une contrainte, une opportunité. Et cela se traduit concrètement par la signature, en octobre dernier, d’une coopération entre l’Eurométropole de Metz, le groupe John Cockerill et l’UEM visant à développer tout un écosystème autour d’une filière hydrogène « vert ». « À terme, cet écosystème global intégrera la production, le stockage et la distribution d’un hydrogène produit à partir d’énergies renouvelables. La première étape concrète de ce projet d’envergure, est d’alimenter à l’hydrogène, d’ici 2025, la flotte de bus du réseau LE MET’ et les bennes à ordures ménagères de l’Eurométropole de Metz », explique l’Eurométropole dans son dossier de presse.
Pourquoi 2025 ?
Parce que la collectivité entend saisir l’opportunité du déploiement de la 3ème ligne du Mettis, prévu à cette date, pour amorcer cette transition. Dès leur mise en service, les 13 nouveaux bus qui circuleront sur cette ligne seront donc dotés d’une motorisation hydrogène. Une conversion progressive à l’hydrogène des bus de l’Eurométropole sera ensuite mise en place entre 2025 et 2035. Toujours en 2025, débutera également la conversion des bennes à ordures ménagères avec à la clé une réduction notable des émissions polluantes de CO2 mais également de la pollution sonore, ce qui participe au bien-être des rippers comme des riverains.
Comme indiqué supra, le projet porté par la collectivité et ses partenaires, ne se résume pas à injecter de l’hydrogène dans les réservoirs mais de développer un écosystème qui couvre la production d’hydrogène, sa distribution et ses usages. Cela implique d’importants investissements puisque l’Eurométropole de Metz investit 32 millions dans cette opération, l’UEM 8 millions et John Cockerill, 100 millions d’euros, dans le Grand Est, pour monter une filière hydrogène. Le contexte et le calendrier invitent à se montrer ambitieux pour aller au-delà de l’amélioration des conditions de vie de la population, ce qui reste la finalité.
Tout d’abord car la France affiche clairement son ambition de devenir l’un des leaders mondiaux de l’hydrogène vert, le projet du territoire va donc bénéficier d’un soutien financier. Des démarches ont déjà été initiées en ce sens auprès de l’ADEME, comme expliqué dans les pages qui suivent. La Région Grand Est est d’ailleurs, elle aussi, particulièrement investie dans ce domaine. Ensuite, si la filière hydrogène fait l’objet de toutes les attentions, elle n’en est encore qu’à ses balbutiements. Le territoire de la métropole a donc tout intérêt à se positionner sur ce registre, surtout qu’elle ne manque pas d’atouts pour ce faire. « Il s’agit aussi de créer de nouveaux emplois, de favoriser le développement économique et de conforter l’attractivité du territoire dans le secteur de la transition écologique », précise l’Eurométropole de Metz.
Vers le tout hydrogène vert ?
Tous les bus et les camions-bennes de la collectivité fonctionneront-ils à l’hydrogène d’ici 10 ou 15 ans ? Il est encore trop tôt pour le dire car cela dépendra notamment de l’évolution de la filière et des coûts qui pour l’heure, restent élevés. Mais c’est bien en développant des filières et en favorisant les investissements qu’il sera possible de réduire la facture. En sachant que quelles que soient les technologies mobilisées – et qui doivent l’être -, il est clair que la transition écologique va coûter de l’argent, cela vaut pour le transport comme pour la gestion des déchets, par exemple. Alors, si la filière hydrogène s’avère d’ici 10 ans particulièrement performante, le « tout hydrogène vert » n’est pas à exclure mais il y a de fortes probabilités que l’Eurométropole de Metz s’attache d’ici là à mixer les différentes sources d’énergies vertes qui vont, elles aussi, très vite évoluer.
Qui Fait quoi ?
Lors de la signature de la convention entre François Grosdidier, président de l’Eurométropole de Metz, Bernard Serin, le président du groupe John Cockerill et Francis Grosmangin, directeur général de l’UEM, les rôles et missions des trois partenaires ont été précisés.
L’Usine d’Électricité de Metz
Dans un premier temps, elle étudiera différentes solutions de production d’électricité renouvelable, la récupération de chaleur et les utilisations alternatives de l’hydrogène. In fine, la société pourrait être en charge de l’exploitation des ouvrages de production, ainsi que de la distribution d’hydrogène.
John Cockerill
Le groupe international d’ingénierie et de maintenance basé à Seraing en Belgique procèdera à l’étude des ouvrages techniques (implantation, système de production et stockage). Puis, durant la phase d’exploitation, le groupe pourrait être en charge de l’installation, de la production et de la maintenance.
L’Eurométropole de Metz
Ses équipes encadrent ce partenariat, notamment sur le plan juridique. Parallèlement, un programme de conversion de sa flotte de bus du réseau LE MET’ et de bennes à ordures ménagères sera mise en œuvre.

L’originalité du projet porté par l’Eurométropole de Metz et ses partenaires, repose sur une approche globale.
Alors que d’autres villes ne pensent qu’à produire de l’hydrogène et d’autres veulent seulement le consommer. C’est un écosystème complet, de la production à la consommation, que nous construisons à trois et qui va permettre de faire rouler nos bus et camion-bennes avec de l’hydrogène vert, c’est le projet de propulsion le plus propre car c’est l’électrique sans les batteries », a déclaré François Grosdidier, lors de la signature de la convention afin de bien insister sur l’approche globale mise en œuvre qui s’articule autour de trois phases.
La production
John Cockerill prévoit de construire une usine de production d’hydrogène d’une capacité de 2 mégawatts (le site est encore inconnu). La production sera réalisée par électrolyse de l’eau. Cette technologie consiste à utiliser de l’électricité renouvelable afin d’alimenter un électrolyseur. Ce dernier produira de l’hydrogène renouvelable (H2) et de l’oxygène (O2). L’électricité sera fournie par des éoliennes, des barrages hydro-électriques et des panneaux solaires. Les toits des bâtiments municipaux qui se prêtent à l’accueil de panneaux seront mis à profit. Des ombrières pourraient aussi être installées au-dessus des parkings du FC Metz (dont Bernard Serin est le président, pour rappel).

Le stockage
Lorsque la production électrique provenant de parcs d’énergies renouvelables est supérieure aux besoins du réseau électrique, l’hydrogène peut alors être utilisé comme une solution de stockage. Grâce au procédé d’électrolyse de l’eau, le surplus d’électricité peut être stocké sous forme d’hydrogène. Le procédé inverse, via une pile à combustible, permettra ensuite de transformer l’hydrogène en électricité, qui pourra être délivrée sur le réseau électrique lors des pics de consommation.

La distribution
L’hydrogène sera distribué sous forme gazeuse, à une pression de 350 bars. Les stations de distribution d’hydrogène s’apparentent à des stations de distribution de GPL (pistolet, mise en sécurité des infrastructures, etc.). La durée de remplissage d’un véhicule à hydrogène est équivalente à celle d’un véhicule diesel.
