ÉDITO
La santé mentale Grande cause nationale 2025, louable ambition affichée par le Premier ministre alors que les spécialistes décrivent une dégradation de nos états psychiques. Voyons le diagnostic de façon large, comme le suggère l’OMS : « La santé mentale représente bien plus que l’absence de troubles et handicaps mentaux, elle est un état de bien-être ». On le voit dans nos entourages ou à l’écoute des actualités, les phénomènes d’indifférence, de retrait ou de perte de confiance se multiplient. Pour résumer brutalement, nous sommes mentalement fatigués. Fatigués de subir la défilade constante de conflits, des plus lourds qui menacent l’existence de milliards d’êtres vivants aux plus anecdotiques pourrissant nos vies quotidiennes.
Difficile de désigner nommément les responsables : nombreux, parfois anciens, agissant consciemment ou pas. Citer les coupables s’avère d’autant plus délicat que nous en sommes sans doute. Et que cet état de société morcelée, confrontant des communautés d’intérêt et de pensée, n’est pas seulement le fruit de décisions politiques. Notre état de fatigue résulte d’une accumulation de phénomènes jugés insignifiants lorsqu’on les observe individuellement ; mais collés les uns aux autres – comme un peintre pointilliste achève son tableau – ils dévoilent une œuvre oppressante, une collection d’injonctions perpétuelles et contradictoires : soyez rapides, préférez la grande distri au petit commerce ; soyez chou, pensez aux futures générations, serrez-vous la ceinture ; soyez bien, préservez votre santé, fuyez banquets et bistrots ; soyez beaux, consommez de la fringue à gogo ; soyez modernes, déclarez tout en ligne, même si vous ne maîtrisez pas l’outil internet ; soyez écolos, achetez une bagnole électrique, même si votre vieille diesel roule comme une horloge ; soyez à l’affût, ne lâchez pas votre compte X, sombrez dans la fatigue informationnelle.
Notre histoire révèle quelques exemples de politiques, femmes et hommes de conscience, qui dans ces périodes de doute immense ont relevé le gant et suggéré un nouveau chemin. Le récent épisode politique – dissolution, élection, nomination du gouvernement – montre à l’évidence que le prototype n’a pas encore fait de petits. Depuis des semaines, nous assistons, impuissants, à un jeu de dupes spectaculaire, mené par le président de la République et par tous les obsédés de la présidentielle – Mélenchon, Attal, Wauquiez, Le Pen et d’autres – dont l’orgueil maladif étouffe le sens du bien commun, porté sincèrement par plusieurs de leurs collègues. De la schizophrénie des politiques, il faudra aussi parler en 2025.