Connue depuis une douzaine d’année pour visiter un registre fait de soul, folk et blues, Imany propose une forme de spectacle hybride entre musique et danse pour revisiter de manière singulière quelques uns de ses titres pop préférés.
Le spectacle emprunte son nom à l’album qu’Imany a sorti à l’automne dernier : Voodoo Cello. Le ton est donné. Le violoncelle y est à l’honneur, mais on ne l’aurait imaginé à ce point : 8 violoncelles, et uniquement eux, accompagnent la voix de la chanteuse. Et quand on sait que le violoncelle est l’instrument qui se rapproche le plus de la voix humaine, cela prend presque un registre choral.
Certes, le procédé de reprendre des chansons avec des violoncelles n’est pas nouveau, mais on retient surtout des interprétations uniquement instrumentales, tel Apocalyptica et ses relecture de métal rock. Sur ce troisième album – qui marque le retour d’Imany après une période de repli lorsque l’ancien mannequin a senti que sa passion pour la musique avait été malmenée par le business musical – les violoncelles sont au service de sa voix grave, et la palette de sons qu’ils proposent vient renforcer la dimension d’appropriation de chaque titre. On l’aura compris Imany dépasse l’exercice souvent un peu facile de la reprise pour proposer des angles inédits ou tout au moins singuliers.
À titre d’exemple les envolées sur I you go away (Ne me quitte pas de Brel) soulignent la tension dramatique inaugurée de façon blues romantique, la version de Little Black Angels déjà inspirée de la relecture par Eartha Kitt ou Like a prayer de Madonna. Même les choix étonnants y trouvent une légitimité (The A team d’Ed Sheeran ou Total Eclipse Of The Heart de Bonnie Tyler deviennent d’un coup écoutables), l’interprétation ouvre de nouveaux champs de perception. I’m still standing d’Elton John devient ainsi une revendication intimiste. Imany change le sens de Wild world de Cat Stevens et la réprobation masculine du départ mute en un encouragement à l’émancipation.
Elle opère là une mise à nu pour favoriser l’émotion, mais sans perdre de vue la volonté de faire groover ces morceaux. D’autres viennent compléter le répertoire pour la scène (Radiohead, Donna Summer, Daft Punk, Bob Marley…), où le spectacle est spécifiquement chorégraphié.
Conjuguant l’affirmation d’un talent et une jolie forme de syncrétisme musical.
Le 26 avril à l’Arsenal