Par-delà nos frontières, paru chez Bastian éditions, c’est le titre du nouveau livre de Sophie Terrade, romancière, poète, nouvelliste, parolière et professeur de français à Thionville.
Comment est née l’idée de ce livre ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de l’écrire ?
Le déclencheur a été la photo du petit Aylan Kurdi, retrouvé mort noyé sur une plage de Turquie, et qui a fait le tour du monde. J’ai été profondément touchée et même choquée par cette photo. Et j’ai ressenti le besoin de mettre des mots sur mes émotions, d’écrire une histoire romanesque évoquant l’exil mais aussi le voyage et la transformation. Mon personnage principal porte le même prénom, comme un hommage à ce petit garçon. Ce dont j’avais envie, c’était aussi de raconter les liens entre deux frères, différents, deux parcours de vie. Chacun porte également un rêve – l’un voulant devenir footballeur, le second écrivain-, que l’exil va briser.
Votre livre emmène le lecteur en Orient. C’est une partie du monde qui vous est familière ?
Absolument pas. Je me suis beaucoup inspirée de lectures et d’articles de presse. Je me suis également laissée portée par ce que le soleil et la chaleur pouvaient m’inspirer, par toute une atmosphère. Je me suis dès lors attachée à me glisser dans la peau de mes personnages pour évoluer avec eux, au fur et à mesure que l’histoire se déroule, que les frontières sont franchies. Il y a toujours une part de mystère dans l’écriture d’un livre mais aussi un peu de soi…
Vous avez récemment obtenu le Prix Victor Hugo 2023 pour Par-delà nos frontières. Comment l’accueillez-vous ?
Avec plaisir et fierté, comme un artisan qui décroche un prix pour la qualité de son travail. C’est avant tout une belle reconnaissance, un encouragement à continuer, la confirmation que mon travail est apprécié.
Travaillez-vous déjà à un prochain livre ?
Disons que j’ai le thème mais il est encore trop tôt pour le dévoiler et en parler. Ce que je peux dire, en revanche, c’est que ce livre à venir sera très différent de Par-delà nos frontières.
Par-delà nos frontières
Quelque part en Orient, deux adolescents, Aylan et son frère Saphir, sont obligés de quitter leur pays et leur famille, à cause de la guerre et du terrorisme. Pour quelle incertaine Terre promise ? » C’est le pitch de Par-delà les frontières qui raconte le périple des deux frères, en route pour l’Europe, à travers différents pays. Un voyage forcément douloureux, sombre et violent. Intime aussi. Il faut tourner le dos à un pays, quelque part, mais également en finir avec la douceur de l’enfance, pour grandir sans repères, ailleurs, malgré la faim, la tristesse et la peur. Autant de douleurs avec lesquelles les deux frères composent pour continuer à avancer, sur la route comme dans la vie. Mais il y a aussi de belles rencontres, de l’espoir, de la tendresse. Des nuances de couleurs se révèlent dans la noirceur, lorsque les portes et les cœurs s’ouvrent, quand des mains se tendent. Par-delà les frontières est un beau roman (conte) qui émeut, interroge, touche. Qui invite aussi à regarder les réfugiés et exilés… autrement.