Invité du Club de la Presse et de la Communication de Metz-Lorraine, François Grosdidier, maire de Metz et président de l’Eurométropole, a présenté ses priorités à l’approche de la dernière ligne droite de son mandat. Sécurité, mobilités, image de la ville, projets urbains et positionnement politique : revue de détail d’un programme qu’il a dit vouloir conduire jusqu’en 2030.
“Le Mettis doit séduire, pas contraindre”
Premier grand chantier évoqué : les transports. La ligne C du Mettis, en cours de réalisation entre Sainte-Thérèse et Marly, a illustré les choix parfois radicaux mais assumés de la municipalité. “Nous avons fait des arbitrages au bénéfice de la vitesse commerciale, même si cela implique de fermer certains axes à la circulation automobile”, a expliqué François Grosdidier. Pour atténuer l’impact sur les riverains et commerçants, des compensations sont prévues, notamment un parking silo sur l’avenue du 20ᵉ Corps Américain, ainsi que le maintien du stationnement résidentiel.
La question de la gratuité des transports en commun a également été abordée. Le Maire y a opposé une fin de non-recevoir, dénonçant un “coût annuel de 22 millions d’euros sans amélioration de la qualité de service”. Il s’est appuyé sur plusieurs rapports et expériences (Sénat, Cour des comptes, Grand Nancy) pour souligner que “ce sont les piétons et les cyclistes qui en ont profité le plus, pas ceux qu’on veut convaincre de laisser leur voiture.”
Dans cette optique, le prolongement de la ligne A jusqu’au site Stellantis a été confirmé pour septembre 2025.
Concernant l’A31 Bis, et plus largement les transports transfrontaliers, il a alerté sur l’absence d’efforts de l’État en direction du Luxembourg : “Le Grand-Duché a fait aujourd’hui plus que la France pour nos déplacements transfrontaliers.”
“Nous aurons 1000 caméras d’ici fin 2025”
Deuxième axe majeur du mandat : la sécurité. François Grosdidier s’est montré déterminé à faire de Metz “une ville sûre et paisible”. Objectif annoncé : 1000 caméras de vidéoprotection d’ici fin 2025. “Nous avons été limités par la capacité du CSU à en gérer seulement 300 et les coûts du génie civil ont été dissuasifs. Ces obstacles ont désormais été levés.”
La police municipale a connu une montée en puissance, avec 25 % d’effectifs supplémentaires depuis 2020 et la création de brigades spécialisées : canine, cycliste, routière. L’innovation locale a aussi résidé dans la police métropolitaine, dédiée aux transports et à l’environnement : “C’est une première en France”, a souligné le maire.
Mais réprimer ne saurait se faire au détriment de la prévention. François Grosdidier a défendu “une approche équilibrée” et a insisté sur “le rôle des centres sociaux, de la prévention spécialisée et de dispositifs concrets” comme l’application de signalement, le porte-clé d’alerte ou le programme Demander Angela, destiné à protéger les personnes vulnérables.
“Metz est la plus belle ville méconnue de France”
Changer l’image de Metz a été placé au cœur de la stratégie de communication de la ville. “Nous avons été présents dans les transports franciliens. Metz a attiré de plus en plus de touristes étrangers”, a affirmé François Grosdidier, citant le Telegraph, qui l’a décrite comme “la plus belle ville méconnue de France.”
Pour renforcer cette attractivité, la municipalité s’est appuyée sur une programmation événementielle renouvelée. “Constellations a été un levier formidable pour révéler notre patrimoine”, s’est-il réjoui. Il a cité aussi la modernisation des Fêtes de la Mirabelle et la création de rendez-vous comme La Fête de l’Eau, Macellum, ou encore Bellissimetz.
L’urbanisme n’a pas été en reste. Plusieurs espaces publics ont fait ou feront l’objet de requalifications : la rue Serpenoise, la colline Sainte-Croix, la place de la République, les quartiers Coislin et Vallières. L’objectif a été ambitieux : créer “une magistrale piétonne de la porte des Allemands à la cathédrale.” Autre projet structurant : “Metz Jardin 2030”, qui vise à intensifier la végétalisation de la ville.
“On ne peut pas tout attendre de l’État”
Abordant des sujets plus délicats, François Grosdidier n’a pas éludé les tensions autour des gens du voyage. Il a regretté un “manque de fermeté préfectorale” dans le passé et a rappelé que Metz “a investi 5 millions d’euros dans les aires d’accueil”, tout en constatant que “certains groupes ont refusé de s’y rendre. ”Des clôtures anti-intrusion ont été prévues au Parc des Expositions.
Quant aux nouvelles technologies de surveillance, le maire n’a pas exclu le recours à la reconnaissance faciale, à condition qu’elle soit “strictement encadrée par la loi.” Il a mis en garde : “Refuser ces outils, c’est laisser la porte ouverte à leur usage incontrôlé par des régimes autoritaires.”
Municipales 2026 : “Je suis concentré sur l’action, pas sur l’échéance”
Interrogé sur les municipales de 2026, François Grosdidier a entretenu le flou, tout en laissant peu de doutes. “Nous avons des projets structurants qui vont jusqu’en 2030, voire au-delà”, a-t-il déclaré. Il s’est dit “entièrement concentré sur l’action, pas sur l’échéance électorale.”
Sur les candidatures déjà déclarées, il a réagi avec une pointe d’ironie : “Ils sont déjà quatre ou cinq à s’agiter pour une élection qui a lieu dans dix mois. Moi, je suis occupé à gouverner.” Et d’ajouter : “Je respecte leur enthousiasme précoce, mais je ne crois pas que les Messins attendent aujourd’hui des slogans de campagne. Ils attendent des résultats.” Sans les nommer, il a distingué clairement son positionnement : “Je suis dans le concret, eux sont dans la communication.”