ÉDITO
» Il suffit d’y croire, l’exercice ne nécessite aucun crampon, juste du cran… »
Du foot, je ne sais que l’ambiance des stades, éminemment exquise quand elle s’enveloppe d’un parfum de saucisses de Francfort à la moutarde de Dijon (je vous épargne l’allusion aux saucisses de Strasbourg dont le Racing Club a récemment fessé le FC Metz). Adepte de la paix dans les (saucisses de) ménages, j’aime m’aligner dans l’équipe de Coluche qui suggérait, en pacifiste aguerri, que l’on donne un ballon à chacun des vingt-deux joueurs histoire d’éviter les querelles et accessoirement d’abîmer des pelouses coûteuses et d’user nos nerfs. Ça m’apprendra à m’avancer dans mon boulot, j’ai commencé à écrire cet édito avant que le FC Metz, le 16 janvier, l’emporte contre Reims (1-0), expédiant le club à la Croix de Lorraine de l’avant-dernière à la 15e place. J’avais préparé mon coup de coup de gueule aux airs de coup de cœur, qui du coup tombe à l’eau. Mais je vous le sers tout de même. Je notais l’injustice de la formule populaire « le bon dernier ». Pourquoi jamais « le bon avant-dernier » ? Ni, comble de l’arbitraire, « le bon premier » ? La sympathie pour les derniers est une manie française. Obsession respectable quand elle ne s’embarrasse pas de la détestation des premiers. Vous me permettrez donc cette pensée affectueuse pour le premier de la classe, Paris Saint-Germain, dont les supporters s’ennuient terriblement à force de certitudes. Triste spectacle parisien. A Metz, au moins, on ne « s’emmerde » pas (verbe récemment engagé dans le dictionnaire du petit châtié par un fameux fan de l’OM). Le FC Metz, au contraire, pétille, vibre, vit sous le régime de l’enjeu, du suspense, sous une épée de Damoclès à l’allure de question fantastique : les Grenats vogueront-ils encore la saison prochaine dans le gratin de la ligue 1 ? Oui, évidemment oui ! Certains experts en art sportif savent l’expliquer techniquement. D’autres, moins adeptes de la balle au pied mais experts de la balle au bond, puisent dans l’argument de la force du désespoir et dans l’idée qu’une victoire se révèle mille fois plus productrice d’énergies après une série de défaites ou de nuls (la preuve en images dans les jours prochains). N’oublions pas l’histoire. Celle du FC Metz, et globalement celle du sport, nous révèlent d’épiques revirements. Il suffit d’y croire, l’exercice ne nécessite aucun crampon, juste du cran. « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace », clamait Danton. Il n’était pas un glorieux joueur de foot mais il avait tout de même du pied dans la chaussette. Allez Metz, on y croit !