Ancien maire communiste de Thionville et premier sénateur communiste de Moselle, Paul Souffrin s’est éteint ce mercredi 29 janvier 2025 à l’âge de 92 ans. Figure incontournable de la gauche, il a profondément influencé la vie politique et sociale de la ville au cours de ses trois mandats, de 1977 à 1995. Médecin anesthésiste de formation, il a mené une politique sociale et culturelle ambitieuse, marquée par son engagement face aux difficultés engendrées par les fermetures d’usines sidérurgiques.
Un parcours militant et humaniste
Né le 16 mai 1932 à Courbevoie dans une famille d’origine juive roumaine, Paul Souffrin a connu les tragédies de la guerre : son père, ingénieur, est arrêté et déporté à Auschwitz où il décède en 1942. Malgré ces épreuves, il poursuit de brillantes études de médecine et adhère au Parti communiste français en 1952. Après un passage à l’hôpital de Bordeaux, il s’installe à Thionville en 1966, où il prend la tête du service d’anesthésie et crée le service de réanimation et le poste de transfusion sanguine de l’hôpital Beauregard (aujourd’hui Bel-Air).
En 1977, il remporte les élections municipales à la tête d’une liste d’union de la gauche et devient maire de Thionville, fonction qu’il occupera pendant 18 ans. Réélu en 1983 et 1989, il laisse une empreinte durable dans la ville avec des projets d’envergure sociale et culturelle, à l’image de l’implantation du Théâtre Populaire de Lorraine et de la création de salles et animations de quartier.
Une carrière politique influente
En 1983, il devient le premier sénateur communiste de Moselle, un mandat qu’il exercera jusqu’en 1992, tout en siégeant au Conseil régional de Lorraine de 1986 à 1989. Défenseur acharné du régime local de sécurité sociale hérité de l’annexion, il s’est toujours battu pour les droits des travailleurs et pour l’amélioration des services publics.
Homme de lettres autant que de terrain, il choisit après son départ de la politique active en 1995 de se consacrer à l’étude. Il soutient ainsi, en 1998, une thèse de doctorat consacrée à Raymond Queneau après avoir obtenu une maîtrise et un DEA en sciences du langage.
Hommages
Depuis l’annonce de son décès, de nombreuses personnalités politiques et locales ont salué son engagement et son élégance en politique. Pierre Cuny, maire actuel de Thionville, a rendu hommage à son prédécesseur, soulignant son implication pour le développement de la ville et son rôle dans l’évolution de l’offre sanitaire locale. Bertrand Mertz, ancien maire socialiste de Thionville, a rappelé le soutien décisif qu’il avait apporté à sa campagne victorieuse de 2008.
Fidèle à ses convictions jusqu’au bout, Paul Souffrin restera dans la mémoire collective comme un maire engagé, un militant infatigable et une figure incontournable de la gauche en Moselle.