Pour la seconde fois depuis 2021, un berger a organisé l’estivage de ses 300 moutons entre Jussy et le Mont Saint-Quentin. Le troupeau va y séjourner en éco-pâturage pour y chercher une herbe plus tendre et plus verte alors que les conséquences de la sécheresse commencent à se faire sentir.
Il n’a beau afficher que 306 mètres d’altitude, le Mont Saint-Germain n’a rien à envier à ses cousins alpins ou pyrénéens. Le temps d’une nuit, sa pelouse calcaire a servi de camp de base pour trois cents moutons Suffolk et leur berger Éric Keller. Embarqués dans une transhumance entamée mardi dernier depuis le plateau de Jussy, ils ont attaqué les derniers kilomètres qui devaient les mener jusqu’au Mont Saint-Quentin, où les ovins pâtureront durant trois semaines à raison d’un hectare d’herbes consommé par jour.
Pour son activité, Éric Keller, natif d’Alsace, a posé bagages dans le territoire de l’Eurométropole de Metz depuis 2020. Ici, la sécheresse des dernières années a impacté la végétation dont se nourrit son troupeau. Un accord conclu avec des collectivités locales dont l’Eurométropole de Metz lui a permis d’amener ses bêtes paître sur les terres lorraines. Manuel Brocart, conseiller délégué de l’entité en charge de la biodiversité explique le sens de cette démarche : « L’éco pâturage permet d’éviter une tonte mécanique. Les moutons sélectionnent les herbes et celle-ci repoussent mieux. » Son commentaire est interrompu par le cri du berger qui ordonne à son troupeau de revenir dans le droit chemin.
Fanny et Flora, ses deux chiens, l’aident à la tâche pour que tout rentre dans le rang. Il est 14h25 et la sortie des chemins caillouteux du site Natura 2000 mène au bitume d’une petite route qui annonce le village de Châtel-Saint-Germain. Là, des riverains, aussi interloqués qu’enjoués par cette déambulation, assistent au spectacle devant leur maison ou à leur fenêtre. Le spectacle vient leur rappeler ce qu’est l’essence-même d’une transhumance : un mouvement mais aussi un concert mêlant les bêlements aux sonnailles qui retentissent.
Dans ce contexte, les bêtes obéissent bien et Éric Keller, détendu par le bon déroulement de la situation, confie : « C’est aussi difficile de tirer un troupeau quand il refuse d’avancer que de réussir à l’arrêter quand il s’emballe. » Rien de tout cela pendant le cheminement. Flora revêt même le rôle d’agent de circulation lorsqu’elle se pose à un carrefour, annonciateur de la bifurcation vers une pente raide menant un peu plus vers la fin de l’estive. Les automobilistes, dociles, s’arrêtent comme si un panneau stop était apposé !
Et ils en profitent pour immortaliser cet instant peu commun en région messine mais qui promet de s’inscrire dans la durée : « C’est une démarche gagnant-gagnant. L’entretien des espaces se fait de façon respectueuse de la biodiversité et des sols, tandis que le berger trouve là de quoi nourrir son troupeau » rappelle Manuel Brocart. L’élu ajoute : « L’Eurométropole fait beaucoup en matière de biodiversité avec notamment la trame verte et la trame bleue. Je pense notamment à la mise en place d’écuroducs (ndlr : des passages pour les écureuils), mais aussi à l’aménagement des forts du Mont Saint-Quentin pour les chauves-souris. »
Photos : Jocelin Maire