Hier soir au Conseil départemental de la Moselle ont été inauguré les espaces rénovés de son siège en leur donnant les noms de grandes figures qui ont marqué l’histoire du territoire. À travers ce baptême solennel, le Président Patrick Weiten a voulu faire de l’institution « une maison politique, mais aussi une maison de mémoire », capable de relier passé, présent et avenir, dans un contexte où le rôle des collectivités est régulièrement questionné.
Des lieux rénovés pour raconter une histoire collective
La cérémonie s’est tenue à l’issue de plusieurs mois de travaux consacrés à la rénovation de l’hémicycle et des espaces attenants, vieux de plus d’un demi-siècle. Pour Patrick Weiten, l’enjeu allait bien au-delà d’une modernisation technique. « Nous voulions donner une nouvelle fonctionnalité opérationnelle tout en respectant l’âme des lieux », a-t-il rappelé, évoquant des espaces désormais plus ouverts, accessibles aux personnes à mobilité réduite et adaptés aux usages numériques contemporains, mais aussi assainis, jusqu’au remplacement de moquettes devenues obsolètes.
Mais cette transformation s’accompagne d’une ambition plus profonde : faire des murs du Département un support de transmission. « Le Département, c’est d’abord une maison politique, mais aussi une maison de mémoire, une maison d’histoire », a insisté le président, soulignant la volonté de relier l’action publique actuelle aux fondations posées par les générations précédentes. Une manière, aussi, de rappeler que l’institution départementale ne se limite pas à la gestion des compétences, mais participe à la construction d’un récit collectif.

Quatre figures pour incarner l’action départementale
Le baptême officiel des salles rend hommage à quatre personnalités dont les parcours dessinent les grandes étapes de l’histoire mosellane, marquée par les fractures industrielles, les combats sociaux, l’ouverture européenne et la prise de conscience environnementale.
Julien Schvartz, président du Conseil général de 1982 à 1992, est présenté comme « le président de la transition industrielle et de la naissance de la décentralisation ». Dans un contexte marqué par la crise sidérurgique, la fermeture des mines et l’augmentation du chômage, il a, selon Patrick Weiten, « tenu la barre dans la tempête industrielle », tout en adaptant l’institution départementale aux nouvelles compétences issues de l’acte I de la décentralisation et en renforçant les politiques sociales.
Madeleine de Gargan-Charpentier, première femme conseillère générale de la Moselle élue en 1945, incarne une rupture historique. Son entrée dans une assemblée alors exclusivement masculine a ouvert la voie à une transformation durable de la gouvernance locale. « Elle a ouvert la porte », a résumé Patrick Weiten, saluant une pionnière dont l’action s’est inscrite dans la reconstruction de l’après-guerre, la protection de l’enfance et la défense des territoires ruraux, dans une Moselle encore profondément meurtrie.
Philippe Leroy, président du Département de 1992 à 2011, est honoré comme « un président bâtisseur, écologiste et européen convaincu ». Son action s’est déployée dans la fin de l’ère industrielle traditionnelle et la montée de la coopération transfrontalière. Sous son impulsion, la Moselle s’est affirmée comme territoire de la Grande Région, tout en lançant des projets structurants, des équipements culturels emblématiques et les bases de la démarche Moselle durable, bien avant que l’écologie ne s’impose comme priorité nationale.
Enfin, Jean-Marie Pelt, scientifique et humaniste, a donné au territoire « une conscience environnementale ». Parrain moral et intellectuel de la démarche Moselle durable, il défendait une écologie « joyeuse, accessible, non culpabilisante», résumée par une conviction rappelée hier : « Protéger la nature, c’est protéger l’homme. » Une pensée qui irrigue encore aujourd’hui les politiques départementales en matière de biodiversité, de forêts et d’éducation à l’environnement.
Une galerie de la mémoire tournée vers les jeunes générations
La rénovation s’accompagne de la création d’une « Galerie de la mémoire mosellane », installée dans un ancien couloir transformé en parcours symbolique. Portraits, événements marquants et figures fondatrices y dessinent un fil rouge destiné notamment aux collégiens qui visitent chaque année l’institution. « Cette galerie n’est pas un musée, c’est une ligne de vies », a souligné Patrick Weiten, insistant sur la vocation pédagogique de cet espace pensé pour transmettre repères et valeurs aux générations futures.
Un projet appelé à se poursuivre
Cette première phase sera prolongée début 2026 sur le site du Quai Wiltzer, où d’autres espaces porteront les noms de personnalités dont les parcours incarnent les grandes valeurs du XXᵉ siècle mosellan et national.
Un hommage sera rendu à Alexandre Loffi, officier originaire de L’Hôpital en Moselle-Est, numéro deux du commando Kieffer, qui prit le commandement de l’unité lors du Débarquement de Normandie après la blessure de Philippe Kieffer, contribuant à la libération d’Ouistreham.
Le nom de Margot Durrmeyer, figure de la Résistance mosellane et membre active du réseau Mario, rappellera le courage de celles et ceux qui ont affronté la répression et la torture au nom de la liberté.
Un espace sera également dédié à Jean-Marie Rausch, ancien maire de Metz, président du Conseil général de la Moselle, président de la Région Lorraine et ministre, dont l’action a profondément marqué la vie politique et institutionnelle du territoire.
Enfin, un grand espace naturel et arboré portera le nom de Simone Veil, rescapée de la Shoah, ministre et grande figure européenne, incarnation des combats pour la dignité humaine, les droits des femmes, la justice et la paix.
Pour le président du Département, l’enjeu reste le même : affirmer que « la Moselle se souvient sans jamais s’enfermer dans son passé ». Un acte politique assumé, destiné à inscrire durablement la mémoire dans le quotidien de l’action publique et à rappeler que l’Histoire constitue un levier pour penser l’avenir.







