Exposition pluridisciplinaire et singulière, Auctus animalis a investi la galerie de l’Arsenal. Un bestiaire surréaliste et musical sur fond de fable racontée par le comédien Denis Lavant.
Vincent Fournier, photographe qui explore les imaginaires du futur, et Sébastien Gaxie, compositeur qui s’attache à la pulsation et aux polyrythmies, sont lauréats de la 5e édition du Prix Swiss Life à 4 mains – la fondation soutient la création émergente. Une récompense attribuée pour cet Auctus Animalis, littéralement « animal augmenté », qui se veut être une fable initiatique sur la métamorphose d’espèces hybrides, une interrogation poétique sur la transformation du vivant. Au croisement de la biologie spéculative et du surréalisme, leur projet tient du cabinet de curiosités visuel et sonore rempli de créatures en voie d’apparition : paon à l’exosquelette argenté serti de diamants, libellule avec capteur luminescent qui mesure la qualité de l’air, éléphant mirage couvert de plumes, panthère nostalgique dont le motif luminescent du pelage révèle la mémoire de la constellation, oiseau radio au plumage de paraboles en métal, à la fois récepteur et émetteur d’ondes sonores, chat trou noir offrant le passage vers d’autres espaces-temps… La cosmographie égyptienne n’est pas loin. Le duo a pris pour point de départ les véritables caractéristiques des diverses espèces observées dans des musées d’histoire naturelle pour inventer, aux frontières du réel et de l’imaginaire, leurs potentielles hybridations sous l’effet des biotechnologies. Le tout sur fond du récit de la découverte d’un monde étrange, dans cette île inconnue des cartographes. Tel un conférencier, ou un barde poétique porté par la musique de Sébastien Gaxie à base de sons d’animaux réels, le capitaine Levant (la voix de Denis Lavant) évoque cette terre où il sera le seul à débarquer, à la recherche d’un mystérieux métal : le browleeite détecté dans une météorite tombée dans le Pacifique. Il y rencontre des animaux aux dons paranormaux jamais observés jusque là et qui deviendront, au bout de deux heures de la fable, des constellations lorsqu’ils sauteront dans le cosmos. Une réinvention lyrique du vivant qui tient du conte chamanique.
Jusqu’au 21 mai à l’Arsenal de Metz