N’usez pas vos nerfs sur la route, la Sicile véritable est à portée de main, en Fournirue, à Metz, au ristorante pizzeria Carissimi. L’esprit de l’Italie souffle ici – vous voyez, la famille, la cuisine, le cinéma, la musique – avec de surcroît le parrainage exceptionnel de Rabelais : la terrasse de l’établissement s’étale sur un espace calme et ombragé, jadis demeure du père de Gargantua et Pantagruel.
Dans la famille Carissimi, je demande la première génération, arrivée en France en 1957. Maçon, menuisier, couturière, femme de ménage, ils sont les parents de Stéphane et Rosa Carissimi, fondateurs des restaurants et pizzerias Carissimi en Fournirue, à Metz-devant-les-ponts et Woippy. « Des parents très modestes », insiste Stéphane, inculquant à leurs enfants le goût du travail. Travail, le mot longe toutes les phrases et accoste comme une définition de l’Italie et de la Sicile. Un marqueur de l’identité de l’île, dixit la troisième génération, Luca, qui gère le tout premier établissement, ouvert en 1992 à Metz-devant-les-Ponts, et Raphaël, associé et chef de cuisine dans le restaurant en Fournirue : « Nous sommes très fiers de nos grands-parents, arrivés à l’âge de 15 ans en France. Ils ont travaillé sans relâche, nous ont inculqué cette valeur, ils nous ont aussi appris les langues italiennes et siciliennes et la culture française. C’est le travail qui nous définit, nous sommes tous très travailleurs et très soudés, c’est ça aussi, la Sicile ! ». Leur mère Rosa, chapeautant par ailleurs la gestion comptable et administrative des trois établissements, illustre le propos avec de minuscules vacances : « Nous prenons une semaine de congés par an et nous allons en Italie ». Une autre destination n’aurait pas manqué de nous surprendre, tout respire ici l’Italie et l’esprit de famille. Pas de surprise non plus dans la cuisine, la qualité italienne est à l’honneur, tant sur les pizzas (base tomate ou base crème) que les salades, viandes, naturellement les pâtes, tagliatelles, gnocchis, lasagnes et cannellonis, et la « formule méli-mélo, moitié pizza, moitié salade », deux Italie en une. « Les produits sont italiens. On préfère clairement la qualité au débit », souligne le jeune patriarche, Stéphane, dont la photo de sa toute première affaire, il y a 30 ans, une vente de pizzas dans un tube Citroën, trône dans la vitrine entre l’enseigne de Ferrari et l’affiche de La vie est belle de Roberto Benigni. Pour les liquides, la maison propose une carte plus européenne bien que les vins soient exclusivement italiens, Riporta Puglia, Montepulciano d’Abruzzo, Chianti, etcetera. Si le plaisir d’une pause Carissimi se tient principalement dans l’assiette, l’atmosphère et la décoration y participent (lire par ailleurs). Le quartier, aussi. A Metz, le restaurant Carissimi voisine le cœur historique de la ville, ainsi que les places d’Armes, Saint-Louis et Saint-Jacques, et fait face à la splendide Maison des Têtes (style Renaissance), bâtie au début du XVIe siècle. Si toutefois vous tenez absolument à manger du kilomètre et rallier directement la maison-mère, la Sicile, on vous dira probablement que l’une des portes de cette île porte le nom de… Messine.
Italian ristorante pizzeria Carissimi (+ pizzas et plats à emporter)
72 en Fournirue – 57000 Metz / 03.87.18.94.67
www.carrisimimetz.com
Goutez l’histoire
Trente ans que l’histoire Carissimi s’écrit. Une durée respectable mais tout de même un peu jeune en comparaison de celle de Rabelais. Le saviez-vous ? « Le plus imaginatif des écrivains de la Renaissance » a vécu un temps à Metz. Brouillé avec la France, il rejoint la ville libre de Metz en 1546. Il y est en tant que médecin mais il écrit aussi. De sa maison messine ne subsiste qu’une porte, celle-ci marquant désormais l’entrée de la terrasse du restaurant Carissimi. Le client déjeune ou dîne ici comme dans un grand livre d’histoires… littéraires, gastronomiques, italiennes et françaises. On trouve par exemple, à travers la déco de la salle, un joli morceau de l’aventure du cinéma ou de celle de l’automobile avec une authentique calandre de Fiat 500 accrochée au mur.