La trentaine à peine franchie, son nom fleurit et fait dorénavant écho : Nawelle K. L’auteure, compositrice et chanteuse forbachoise vit entre Paris et Strasbourg et prépare la sortie d’un nouvel album – un EP précisément – pour la fin de l’année. En mode cash et cool, elle raconte ses débuts, dont un trajet en bus scolaire, Forbach-Metz, où la lycéenne imitait Piaf et Shakira pour amuser la galerie. Son prof de musique repère alors sa voix. Problème, elle redoute le solfège, « un calvaire », et l’idée de chanter en public. Mais vient le temps d’autres rencontres et de virages qu’elle négocie en douceur. La scène fait irruption dans son quotidien et la conduit aussi sur les premières parties d’une tripotée de stars : Yannick Noah, Vianney ou Zaz. Nawelle K vogue sur un style musical en méli-mélo : « Ma musique est un mélange de musiques que j’aime, pop-rock, reggae, folk, pop urbaine et variété française. Vous mettez tout ça dans un mixer et ça donne du Nawelle K ».
Elle mène de front deux vies professionnelles, « deux métiers que j’ai la chance d’aimer et qui me passionnent au quotidien » : au cœur de sa création musicale et au sein de son agence de communication, marketing et événementiel, NK Communication, en fait la réalisation d’un rêve ancien et capital : entrer en pub. Nawelle et ses équipes élaborent des prestations aux entreprises pour « une communication à 360° comprenant le marketing, la presse, la communication digitale et l’événementiel. On propose des packages pour des clients variés, dans l’architecture, la mode, l’automobile, le bien-être, la pâtisserie... ». La musique, c’est une autre histoire. Elle débarque dans sa vie, non par hasard, plutôt par une accumulation de rencontres déterminantes et de signes plus ou moins ostentatoires. Parmi ceux-ci, une guitare offerte par son oncle Kader, fan des deux Bob, Marley et Dylan, de Manu Chao et quelques autres. Sa famille et son réseau d’amis comptent : « Mentalement, ça fait du bien de se sentir soutenue, épaulée, de les savoir là, parce que ce n’est pas simple dans ce métier ». Elle s’appuie sur cette force inestimable de l’entourage loyal et recueille par exemple son avis après une composition ou une écriture : « Je fonctionne par petits groupes WhatsApp, notamment avec mes amis les plus proches, je leur envoie les titres avant même qu’il y ait les paroles, juste pour avoir un retour sur la mélodie ». C’est ce qu’elle nomme l’étape « yaourt », permettant de sentir si un rythme fonctionne. À ce stade, la mélodie est dans un état avancé tandis que le texte n’en est qu’à un vague la la la la ou pom pom pom pom. Auteure et compositrice, elle retravaille ses créations avec d’autres, une petite équipe qui accompagne l’idée première de Nawelle jusqu’à la finalisation de la chanson, en anglais ou en français. Communicante professionnelle, elle le sait, tout n’est pas seulement question de passion, de cœur et d’audace, mais aussi de raison, de méthode et de technique. Deux autres rencontres majeures lui permettront de parfaire ses procédés d’élaboration d’un titre. À son retour d’un stage aux États-Unis, « dans le domaine des comédies musicales de Broadway », elle décline l’offre de rester à New York et entre chez Cactus & Co, société de production parisienne. « Là, je rencontre Johnny Cloutier qui fut donc mon premier patron. Producteur de musiques, il va m’aider à faire décoller ma carrière musicale, c’est lui qui va notamment me pousser à faire des concerts. Il a une grosse place dans mon parcours musical ». Puis Johnny lui fait croiser la route de Daniel Berthiaume, « un compositeur canadien qui va vraiment m’apprendre à écrire, à mettre en forme un yaourt sur une composition musicale, à maîtriser les vrais accords de guitare. C’est grâce à lui que j’écris et compose ». Ce petit monde très organisé met le pied de l’artiste à l’étrier et lui ouvre les portes d’un univers qu’elle n’imaginait même pas en rêve en chantant Piaf au fond du bus. Nawelle K découvre plus tard les entrailles de deux monstres du show biz, les Victoires de la musique et NRJ Music Awards. Ces méga rendez-vous font-ils briller les yeux de la Mosellane ? Probablement, mais pas en groupie éblouie. Elle garde la distance et les pieds sur terre. Celle qui n’a « jamais voulu être une star » appréhende avec discernement la légèreté et la fragilité de ce monde du spectacle. Son expérience d’une fondation et d’une direction d’entreprise de communication lui donne une vision plus précise et sérieuse de la promotion d’une carrière dans une sphère médiatique aux airs de maison de fous. Percer, durer, deux verbes dont elle perçoit tous les contours, à tous les temps, pondérables et impondérables, périls et splendeurs. « Il y a deux écoles. Celle qui dit : c’est plus simple aujourd’hui d’émerger avec internet et le streaming. On est entrés dans une ère où la maison de disque ne veut plus rien dire. Personnellement, je suis en label indépendant et la plupart des gens le sont car maintenant on peut tout faire tout seul. Mais comme c’est plus accessible, la deuxième école souligne qu’avec ces nouveaux modes de diffusion très accessibles, il y a davantage de concurrence. C’est donc beaucoup plus compliqué de sortir du lot ». Comme sur une partition, rien n’est tout noir, ni tout blanc. il faut composer.
Marraine du Secours populaire
Ni tout noir, ni tout blanc, ni aussi simple qu’on ne le pense et moins complexe qu’on ne le craint, la vie roule comme s’écrit une partition de musique, le chemin oscille entre les graves et les aigus. Nantie d’une belle notoriété, Nawelle K la partage et fait profiter de son influence. Elle est l’une des marraines du Secours Populaire. On la retrouve en 2015 devant 70 000 personnes, entourée de 70 enfants sous la Tour Eiffel pour les 70 ans du Secours Pop’. Pas question de s’enfermer dans son monde. Elle observe la marche de la planète sans apriori ni propos définitif, tout en mesure. Mademoiselle chante son blues (clin d’œil à Patricia Kaas, née également à Forbach) mais pas que : « Ce qui m’agace, c’est le pas en arrière qu’on opère actuellement sur la question du racisme, ça me crée de l’urticaire ! En même temps, je vois toutes les actions menées par exemple pour venir en aide à des pays en difficulté et je me dis qu’on n’est pas toujours à côté de la plaque ». Si elle a « pris le goût des grandes villes », elle aime les retours, fréquents, en famille à Forbach. Des parenthèses de fraîcheur sur une carrière qui prend de l’ampleur, assurément. Nawelle caracole. La preuve bientôt en concerts, plateaux et créations nouvelles.