Le marché des blondes, brunes et autres rousses connait un regain d’intérêt depuis une quinzaine d’années sous l’impulsion de la bière artisanale. Partout en France, les petites brasseries se multiplient. La Moselle compte une trentaine de ces petits brasseurssoucieux de proposer des bières originales, de qualité, de proximité…
La France compte environ 2 300 brasseries à travers tout le territoire, soit 10 fois plus qu’il y a 15 ans à peine. Le Grand Est en accueille près de 200. Au début du siècle, l’Alsace ne comptait plus que quelques petites brasseries. 20 ans plus tard, il y en aurait 80. Même tendance en Champagne-Ardenne ou en Lorraine. En Moselle, une trentaine de brasseurs sont actifs (même si pour beaucoup, il s’agit d’une double activité). Rien que sur Metz et ses environs, ils sont une demi-douzaine. La région Grand Est, avec plus de 50 % de la production française, est d’ailleurs leader en volumes en France (compte tenu de la présence des grandes brasseries)
Pourquoi cet engouement ?
Différentes explications sont avancées pour expliquer l’essor des micro-brasseries, comprendre des brasseries affichant des volumes de moins 200 000 hectolitres par an, et des brasseries artisanales. L’appétence des consommateurs pour des produits de qualité, authentiques et du terroir, en est une. La bière, à l’image des légumes ou de la charcuterie concoctée à la ferme du coin, c’est meilleur. Pas faux. Les petits brasseurs se sont également attachés à faire preuve d’audace et de créativité pour proposer des saveurs différentes ou à remettre au goût du jours des goûts oubliés. Et dans ce domaine, la palette est loin d’être épuisée. Cette quête « d’innovation » est également propice à raconter de belles histoires sur les marchés. La proximité, la multiplication des réseaux en circuit-court en voilà un autre atout, surtout qu’avec internet rien n’empêche aussi, dans le même temps, de se faire connaitre et de vendre à l’autre bout du monde.
Dans un registre différent, la microbrasserie a également pour intérêt d’être accessible. Il ne faut pas 10 ans d’études pour apprendre les fondamentaux et si des formations existent (un CAP a d’ailleurs été récemment lancé), elles ne sont pas obligatoires pour s’installer. Il n’est pas non plus nécessaire d’investir des sommes énormes pour s’équiper et commencer à brasser dans son coin dans l’espoir de devoir voir « plus grand », ensuite, si les ventes décollent. Le financement participatif est assurément venu mettre du beurre dans les épinards de certains brasseurs. Bref, s’il n’est pas question de prétendre qu’il est facile de se lancer (et encore moins de durer, car les gamelles sont aussi nombreuses), c’est loin d’être impossible, dès lors, que l’on est disposé à se coltiner les démarches administratives, la réglementation étoffée liée aux produits alcoolisés et à être au four et au moulin.
Les petites brasseries ont également bénéficié du boulevard laissé libre par les grands brasseurs. Certains ont eu tendance, durant des décennies, à opter pour de la matière première pas si « premium » que cela afin d’optimiser leurs marges. D’autres se sont contentés de vivre sur leurs acquis. Face à la multiplication des « petits » mais également de la longue baisse des ventes, les grands acteurs ont bien évidemment fini par réagir. Ils ont lancé des « bières spéciales », « des aromatisées » et autres « éphémères » qui ont fleuri dans les rayons. Carlsberg ou Heineken, par exemple, développent des propres bières locales ou relancent des marques historiques (ancrées localement) qu’elles possèdent en catalogue. D’autres investissent dans des petites brasseries existantes ou créent des « partenariats » avec des brasseries d’envergure régionale. Mais tout cela n’empêche pas les petites brasseries de se multiplier.
Bien entendu, le marché de la bière a souffert ces deux dernières années. Mais si les grosses chaleurs annoncées pour cet été soulèvent bien des craintes, force est d’avouer que pour les brasseurs, c’est plutôt une bonne nouvelle car la chaleur attise la consommation des blondes, blanches, brunes mais aussi des noires et des ambrées. À consommer avec modération, bien entendu.
Les Français sont des petits buveurs (de bières)
Les Français sont les petits buveurs de bière de l’Europe même si leur consommation par tête de pipe a légèrement progressé, de 30 litres par an, en 2014, à 33 litres en 2020, selon les chiffres de l’association Brasseurs de France. À titre de comparaison, les Allemands en consomment 106 litres et les Tchèques 146.