Le taux d’inflation annuel est en hausse à 7,4% dans la zone euro et en hausse à 7,8% dans l’UE, en mars 2022, annonce Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne, dans un document paru en avril.
On y apprend que les taux annuels les plus faibles ont été observés à Malte (4,5%), en France (5,1%) et au Portugal (5,5%). Les taux les plus élevés ont quant à eux été enregistrés en Lituanie (15,6%), en Estonie (14,8%) et en Tchéquie (11,9%).
Par rapport à février, l’inflation annuelle avait baissé dans deux États membres et augmenté dans vingt-cinq autres. « En mars les plus fortes contributions au taux d’inflation annuel de la zone euro provenaient de l’énergie (+4,36 points de pourcentage), suivie des services (+1,12 pp), de l’alimentation, alcool & tabac (+1,07 pp) et des biens industriels hors énergie (+0,90 pp) », précise l’office.
Pour quelles raisons la France s’en sort-elle mieux ?
Elle le doit notamment à son mix énergétique favorable. Le nucléaire représente environ 70% de la production électrique hexagonale et 40% de la consommation globale d’énergie primaire (en incluant les transports). La France est donc moins sensible que d’autres pays aux marchés internationaux de l’énergie et à ses évolutions (en l’occurrence négatives). L’Allemagne, par exemple, est bien plus dépendante du gaz naturel dont les prix flambent, notamment à cause de la guerre en Ukraine. Or comme le soulignent les données d’Eurostat, c’est bien l’énergie qui augmente le plus. Le gouvernement a également déployé des mesures visant à tempérer les hausses des prix comme le bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité instauré fin 2020 et qui devrait se prolonger jusqu’en juin ou bien encore la prime de 18 centimes sur le carburant.
L’Insee estimait, en février, ce gain à 1,5 point dans une note. Comprendre que l’inflation aurait dû être de 6,6%. Bien évidemment cette « prise en charge publique » de l’inflation a aussi un coût qu’il faudra supporter. Mais nouvelle intéressante, Bruxelles table sur une croissance du PIB français de 3,1 % pour cette année. C’est presque deux fois mieux que les prévisions pour l’Allemagne (1,6 %). Et c’est notamment lié à l’inflation moins incisive en France ce qui permet à la consommation de rester « soutenue ».
Ça gronde…
Les prix augmentent et entament le pouvoir d’achat des Français puisque depuis près de 40 ans (1983), les salaires ne sont plus indexés à l’inflation, notamment car ce mécanisme était en lui-même inflationniste. Seul le Smic est automatiquement revalorisé lorsque l’inflation dépasse les 2%. Il a progressé de 2,65% au 1er mai. Il avait également déjà augmenté de 2,2% en octobre dernier et de 0,9% au 1er janvier. In fine, c’est donc plus ou moins en phase avec l’inflation en sachant que le montant du Smic est trop faible pour vivre mais c’est un autre sujet. Pour les autres salariés, la progression des rémunérations a été d’environ 2,3% sur un an (source : Dares), comprendre qu’il y a perte de pouvoir d’achat. Le contexte économique n’est donc pas simple pour les salariés au Smic, on l’a dit, mais aussi pour tous ceux qui gagnent légèrement plus. Certes, des mesures (ponctuelles) ont été prises pour des coups de pouce comme la prime PEPA ou « Macron », exonérée de cotisations patronales et d’impôts sur le revenu. Mais toutes les entreprises ne l’ont pas activé. Tout cela attise forcément la grogne sociale et l’idée qu’il est largement temps d’augmenter les salaires. Le problème, c’est qu’entre la crise, les difficultés d’approvisionnement, l’inflation et la pénurie de main d’œuvre, les entreprises ne sont pas forcément au mieux même si, en ce qui concerne les difficultés de recrutement, des salaires revalorisés pourraient assurément… aider. Il y a débat sur ce point, mais si l’inflation est modérée en France, force est de constater que c’est aussi car les salaires ne progressent pas ou peu. Ou pas assez vite.