Mondialement réputée pour son travail narratif à la sophistication léchée, séries de tableaux au caractère quasi cinématographiques, Julia Fullerton-Batten a repris le rôle tenu par Le Turk lors de la première édition.
Elle était en résidence à Metz en février dernier pour réaliser un projet conçu bien en amont, à distance (elle habite Londres), visant à «saisir l’essence de la ville et ses 3 000 ans d’histoire. ».
L’occasion d’assister à son travail où, à la tête d’une équipe d’une vingtaine de personnes, elle ne laisse rien au hasard. Et de s’émerveiller d’une scène féérique où 2 chevaux battent le carrelage de la Basilique Saint-Vincent. Avec une vestale aux cheveux de feu, ils sont les sujets d’un des cinq tableaux imaginés par l’artiste, dans 5 lieux emblématiques (Opéra-Théâtre de Metz, église des Trinitaires, gare de Metz, salle de l’Arsenal).
« Je n’étais jamais allée à Metz auparavant. J’avais «vu» en ligne et lu beaucoup de choses sur la ville au cours de mes recherches, mais j’ai été submergée par la ville quand j’ai parcouru ses rues pavées et admiré ses bâtiments anciens. »
Qu’est-ce qui vous a particulièrement séduit dans le projet proposé ? Comment adaptez-vous votre démarche artistique à un projet de ce type ?
J’ai aimé l’idée de la résidence, un projet à concevoir, composé de différents décors, suivi plus tard d’une exposition des images finales, intercalée d’ateliers et d’interviews. Cet engagement en deux phases était nouveau pour moi.
Tous mes projets sont constitués d’“histoires” ou d’images individuelles combinées pour compléter le sujet du projet. Je fais toujours des recherches approfondies pour tous mes projets. Je planifie ensuite mes prises de vue en détail : recherche des lieux et des modèles, des vêtements, des accessoires… Avant de constituer mon équipe d’assistance. La pandémie nous a obligé à faire ces choix à distance.
J’ai recherché le contexte historique associé à chaque lieu, puis j’ai décidé d’une histoire appropriée spécifique. Par exemple, j’ai découvert qu’à une certaine époque la Basilique Saint-Vincent a été brièvement utilisée comme hôpital vétérinaire pour soigner les chevaux malades. Inimaginable dans une si belle église mais il semble qu’elle ait connu une histoire peu commune et mouvementée. Là mon tableau raconte l’histoire d’un cheval qui y est soigné.
Que vouliez-vous transmettre à travers ces choix, quelles histoires vouliez-vous raconter entre réalité historique de la ville, fiction et évocation/interprétation ?
Il n’est pas facile de dépeindre certaines parties de l’histoire de la ville sans empiéter sur quelques aspects qui peuvent être considérés comme controversés. Pourtant ce sont des guerres, des révolutions, des annexions qui ont eu lieu et sont incontournables à considérer comme décors.
Je recrée un lieu et son histoire tels que je les vois dans mon esprit. Cela peut être factuel comme le sont beaucoup de mes histoires de Old Father Thames, parfois mon interprétation s’apparente à une reproduction fantastique comme mon projet Feral Childre. Concernant Metz, Les tableaux de la gare et de la basilique sont des interprétations d’événements historiques réels ; celui de l’Arsenal est une évocation ; ceux de l’Église des Trinitaires et de l’Opéra sont plus vaguement basés sur leur utilisation passée, sans toutefois les classer dans la fiction.
À découvrir à partir du 29 avril