Sens : hésiter indéfiniment. Ne pas savoir quel parti prendre. Position d’un être humain tiraillé, sollicité de deux côtés à la fois.
Un peu d’histoire
Mais qui est donc ce Buridan qui a laissé son nom à cette expression ?Jean Buridan, né à la fin du XIIIe siècle, est un philosophe. Devenu très célèbre en son siècle, il est nommé recteur de l’Université de Paris. Auteur de plusieurs ouvrages philosophiques, il aime à participer à des discussions et des échanges qui donnent l’occasion de réfléchir aux actes humains. Ainsi, il émet l’idée selon laquelle il est difficile, dans certains cas, de faire un choix et prend pour exemple l’histoire d’un âne. Un âne se trouve pressé tout autant par la soif que par la faim, or ce baudet est placé à égale distance d’un seau d’eau et d’un picotin d’avoine. Par quoi cet animal va-t-il commencer pour satisfaire ses deux besoins pressants ? Telle est la question posée par Jean Buridan. En fait, l’âne de Buridan, qui ne parvient pas à se décider et qui est donc le symbole de l’indécision, finit par mourir. Ceci est la thèse classique sur l’origine de cette expression à ceci près que dans son œuvre écrite Jean Buridan n’évoque pas un âne, mais un chien confronté à un cruel dilemme. Sans doute victime de son injuste réputation d’animal peu intelligent, l’âne s’est substitué au chien dans l’énoncé oral du raisonnement ! Cette expression n’est officiellement attestée qu’au XVIIe siècle. Voltaire reprendra à son compte l’histoire de cet âne : « Connaissez-vous cette histoire frivole d’un certain âne illustre dans l’école ? Dans l’écurie on vint lui présenter pour son diner deux mesures égales, de même force, à pareils intervalles ; des deux côtés l’âne se vit tenter également, et, dressant ses oreilles, juste au milieu des deux formes pareilles, de l’équilibre accomplissant les lois, mourut de faim, de peur de faire un choix. »
(Voltaire, La Pucelle d’Orléans, œuvre en 21 chants, chant XII, vers 16 et sq. Œuvres complètes de Voltaire, t. XI, Paris, 1784)