Sens : donner son avis sans que personne ne l’ait demandé, s’immiscer dans une situation où l’on n’était pas spécialement désiré.
Un peu d’histoire…
Le sel est vital depuis les temps immémoriaux. La civilisation égyptienne utilise le sel, les Romains comprennent bien vite toute l’importance de cette denrée et son commerce devient un monopole d’État.
En Extrême-Orient le sel prend une valeur incroyable : Marco Polo nous raconte, au retour de son voyage, que dans le système financier des Mongols, le sel a sa place dans la fabrication de certaines pièces de monnaies. En Afrique, à Tombouctou, un esclave s’échange contre une plaque de sel de la longueur de son pied.
Pour obtenir le sel, trois possibilités. Extraire le sel de la terre, en creusant des mines de sel, obtenir du sel par évaporation sur une source de chaleur ou bien par l’association de la mer, du vent et du soleil, avec les marais salants.
Souvenons-nous des fameuses « Routes du sel » existant bien sûr en Europe, mais aussi et surtout en Afrique où d’immenses caravanes de sel traversent les déserts tout comme d’autres caravanes se rendent vers l’Orient, jusqu’à la lointaine Chine.
Au cours des XIIe et XIIIe siècles, lorsque la population européenne croît rapidement, car il y a moins d’épidémies et de guerres, le sel devient un véritable produit stratégique tant politiquement que fiscalement avec son entrée dans l’histoire des impôts. L’idée vient sans doute du Moyen-Orient, les Croisés en ont apporté l’idée, puisque le mot « gabelle » vient de l’arabe kabala qui veut dire taxe. Cette idée passe en Italie où le mot gabella désigne une taxe qui s’applique à tous les biens de consommation. C’est en France que sa transformation en gabelle désigne exclusivement la taxe sur le sel.
Déjà le roi Philippe Le Bel s’est intéressé de près à ce produit. Mais c’est en 1340 que le roi de France Philippe VI de Valois signe une ordonnance créant le monopole royal de la vente du sel. Le pouvoir s’engage à toujours fournir du sel aux habitants.
Très vite, impôts et taxes apparaissent, prélevés d’abord sur le producteur, puis le consommateur, qui a, en plus, une obligation d’achat. Une véritable administration est créée avec des greffiers, des receveurs, des mesureurs et des fermiers. Les commis des gabelles sont appelés familièrement des « gabelous », un nom qui a désigné par la suite les douaniers.
Face à cette administration, il y eut des contrebandiers de sel appelés « faux-sauniers ». Mais n’oublions pas que le sel est une substance vitale que l’homme a su se procurer dès la Préhistoire. Pas étonnant qu’il cherche à « mettre son grain de sel » partout et tout le temps !
Et pourtant quand on prononce la fameuse phrase « Passe-moi le sel », certains convives autour de la table préfèrent poser la salière sur la table pour ne pas l’imposer au demandeur. De très anciennes histoires nous rappellent que le sel ressemble diablement à l’arsenic et l’utilisation du poison est devenue tellement courante, notamment en Italie, que les invités à la table des Borgia ou des Médicis préfèrent ne pas prendre la salière tendue par leur hôte. Ainsi choisissent-ils eux-mêmes leur salière ou bien leur mort.
Le verbe :
Sentencier / Origine : XIVe, ordonner quelque chose par jugement.
Voici un verbe qui nous offre des sens multiples !
- Vieilli. Condamner quelqu’un par sentence. Ex : Avant de sentencier, il faudrait envisager la monographie de cette personne.
- Emploi rare. Parler par sentences, devises, adages. Ex : Il a le geste expressif ; il sentencie comme son père
La citation
« Il en est ainsi des hommes : ceux qui abandonnent leurs propres occupations pour se mêler d’affaires qui ne les regardent pas, tombent naturellement dans le malheur. » Ésope (Fables : Le Crabe et le Renard VIe siècle avant J.-C)
Illustration : Philippe Lorin