Le Festival du Film Subversif de Metz fête ses 7 ans mais n’a rien perdu de son ambition initiale. Bien au contraire, sa pertinence gagne en épaisseur tant en terme de programmation que de reconnaissance du milieu du cinéma.
7 ans, soit disant l’âge de raison. Le terme est-il approprié pour une manifestation pensée pour amener le spectateur hors du champ normé du cinéma ? Et qui arbore toujours en étendard la définition du mot subversif : qui bouscule les codes et les normes établies.
« Le cap des 10 ans approche tout doucement » admet Charlotte Wensierski, directrice du festival et en charge de sa programmation depuis ses débuts. « Cela montre que le festival tient la route et se nourrit d’un fort désir de prolonger une aventure uniquement portée par des bénévoles. Je me sens très fière de ce projet qui évolue bien et intelligemment. »
Une évolution qui ne se voit pas de prime abord : même format (3 jours), même nombre de films projetés en ou hors compétition, un programme qui investit d’autres lieux culturels en dehors du cinéma Le Klub (cette année l’Aérogare accueille les concerts le samedi soir), projections de courts métrages et de clips musicaux (ceux-ci sont proposés juste avant les films en compétition), et présence d’invités issus de multiples domaines du monde du cinéma : monteurs, chefs opérateurs, ingénieurs du son, scénaristes, costumiers viennent ainsi parler de leur métier. « Cela me tient à coeur qu’il n’y ait pas que des réalisateurs/trices ou des actrices et acteurs, même si ceux-ci sont plus facilement identifiables par le public. C’est aussi notre caractéristique subversive que de donner la parole à de tels professionnels. Ils ont un regard différent et des choses à raconter des choses qu’on n’a pas l’habitude d’entendre. »
De même le jury est toujours constitué de personnes venues d’horizons distincts, « pour privilégier des points de vues très ouverts ». Avec cette année Paloma Pineda (chef op’), le DJ Gærald, la musicienne Camille Delvecchio de Grand Blanc qui compose aussi pour le cinéma, le metteur en scène de théâtre Jean de Pange pour la carte locale, la comédienne Antonia Buresi et la danseuse Marion Barbeau qui s’est faite remarquer dans le dernier film de Cédric Klapisch.
Pour autant certains marqueurs indiquent que le festival gagne en pertinence. « Depuis peu les échanges avec nos partenaires sont plus aisés. On bénéficie d’une certaine estime de la profession et du réseau des festivals, jusqu’à Montréal. Le notre a franchi le cap de la légitimité et de la reconnaissance. » A l’image du film Shiva Baby, visible sur la plateforme Mubi, qui a obtenu le prix du jury en 2021, reconnu pour avoir été vu à Metz la première fois. Ou Une vie démente diffusé en avant première à Metz, qui a obtenu plusieurs prix aux Magritte, l’équivalent des Césars en Belgique.
Cette année, parmi les films en compétition, capables d’emporter le public dans des univers singuliers, on notera un premier film danois, As in heaven « avec une photo renvoyant à la peinture très organique du XIXe et une mise en scène bouleversante » qui sera défendue par l’actrice principale « qui a réalisé une performance terrible », Flora Ofelia Hofmann Lindahl, 16 ans.
Autre temps fort, une programmation Midnight movies dédiée au réalisateur John Waters qui a préparé une vidéo pour introduire chacun des films dont Cecil B. Demented et Hairspray « son plus gros succès mais qu’il considère comme le plus subversif. On rêve depuis des années de le faire venir à Metz. On partage la même idée quant à la subversion au cinéma. Si elle n’est qu’extrême ou underground, ce n’est vu que par une niche. On doit trouver des formes accessibles à tous mais capables de déclencher des remises en cause, de bousculer les idées préconçues.»
Du 10 au 12 juin subversif.fr